Développer la suite d'un jeu à succès est bien souvent un exercice périlleux. A fortiori quand le jeu en question est Sonic, le titre qui en 1991 a totalement révolutionné le monde des jeux de plates-formes. Sega tente donc de relever ce défi avec Sonic The Hedgehog 2, l'épisode dans lequel le hérisson nous présente son meilleur ami Tails, le renard à deux queues. Attardons-nous sur l'épisode Master System de ce soft sorti en 1992, soit quasiment en même temps que son homologue de la Megadrive.
Sonic est de retour ! Il doit cette fois partir à la rescousse de son ami Tails, lequel a été fait prisonnier par le Docteur Robotnik. La mascotte de Sega repart pour un tour, et va également profiter de son périple pour libérer de leur calvaire toutes les petites bestioles qui ont une fois de plus été emprisonnées dans des machines par le méchant de service.
De prime abord, les mécanismes du premier épisode ont été reconduits. Le système des anneaux sert toujours de base au jeu, et permet de progresser sereinement puisqu'à partir du moment où le hérisson en a au moins un en stock, il dispose d'un droit à l'erreur. Notre mammifère préféré peut également toujours sauter sur ses ennemis ou encore se rouler en boule pour les envoyer six pieds sous terre. A l'instar de son prédécesseur, le jeu s'articule autour de la recherche des fameuses émeraudes du chaos qui sont cachées dans chacun des six niveaux que comporte le jeu. Ces émeraudes ne sont d'ailleurs pas simples à trouver, en raison notamment d'un level design très vaste. Il faut refaire les zones plusieurs fois pour prendre les différents chemins et ainsi avoir la chance de mettre la main (ou plutôt la patte) sur le précieux bijou. Mais le jeu en vaut la chandelle, puisqu'une fois toutes les émeraudes récupérées, un septième niveau sera accessible (Crystal Egg Zone). Ce dernier terminé, le joueur pourra alors avoir accès à la véritable fin du jeu. Si Sonic ne trouve pas les émeraudes, le jeu s'arrête au sixième niveau.
Dans l'ensemble, les zones se parcourent agréablement. Pour donner un nouveau souffle à la série, Sega a cru bon de varier les plaisirs en mettant à la disposition de Sonic divers moyens de locomotion : un chariot est ainsi disponible dans le niveau souterrain (idée qui sera reprise des décennies plus tard dans Sonic The Hedgehog 4 Episode 1), une bulle est présente dans le niveau aquatique (Aqua Lake Zone) pour permettre à Sonic de se déplacer sous l'eau, et un petit tour en deltaplane est également prévu pour traverser les cieux (Sky High Zone).
Le design graphique du jeu est assez particulier, et dénote avec les autres épisodes de la saga. Les niveaux sont dans l'ensemble moins hauts en couleur que d'habitude, et même les stages classiques de la série comme la Green Hill Zone prennent une dimension plus ténébreuse et moins enfantine. Certains trouveront sans doute ce parti pris extrêmement audacieux, tandis que d'autres regretteront peut-être la magie enchanteresse des décors du premier opus. Mais sur ce coup, on ne peut pas reprocher à Sega de ne pas avoir innové, d'autant plus que l'aspect esthétique des niveaux, s'il ne plaira pas à tout le monde, est intrinsèquement réussi. L'animation n'est pas en reste, et Sonic file toujours à toute vitesse à travers les stages, sans aucun ralentissement.
En dehors de l'esthétique différente, le jeu reste toujours aussi maniable, et il dispose d'une bonne durée de vie. Aller au bout de l'aventure demande un minimum d'investissement, et il faut bien connaître les attaques des boss qui vous attendent à la fin de chaque zone (et qui sont les créatures de Robotnik) pour pouvoir les éviter. Cet apprentissage est d'autant plus nécessaire que le moindre faux pas est immédiatement sanctionné, Sonic n'ayant pas le moindre anneau pour affronter les chefs de niveaux. Sonic The Hedgehog 2 Master System est donc une incontestable réussite, et apporte suffisamment de nouveautés pour ne pas lasser les joueurs. Il dispose de surcroît d'une identité visuelle très forte, ce qui lui confère un charme incontestable et une place à part dans cette série mythique.
- Graphismes16/20
Les graphismes sont une réussite, mais dérouteront un peu les aficionados du premier épisode : plus sombres, parfois plus oniriques, les zones traversées ont une identité visuelle très marquée. Pas de problème pour l'animation, la Master System est à son aise et le hérisson virevolte à toute vitesse.
- Jouabilité16/20
Sonic se manie toujours aussi bien, et les nouveaux moyens de transport qu'il utilise ne posent pas de problèmes particuliers. Seul le maniement du deltaplane demande de la pratique, tant il s'avère pénible.
- Durée de vie16/20
Le jeu est un tantinet plus long que son devancier, notamment en raison de niveaux un peu plus grands, que l'on met du temps à explorer entièrement. Il peut toutefois se finir vite, pour peu que l'on fasse l'impasse sur la quête des émeraudes du chaos. La difficulté est dans la moyenne des jeux de l'époque : il faut du temps pour bien connaître les niveaux et les boss, mais une fois ceci fait, on avance tranquillement.
- Bande son15/20
Les bruitages n'ont pas changé et se révèlent toujours aussi bons. Les musiques sont en revanche un ton en dessous, et demeurent moins inoubliables que celles de Sonic The Hedgehog premier du nom. Dommage…
- Scénario15/20
L'ami Tails le renard (qui pour le coup n'a pas été très rusé…) a été kidnappé par le débonnaire Robotnik. N'écoutant que son courage, Sonic part donc le chercher. Le scénario est ici surtout un prétexte pour introduire ce nouveau personnage, qui deviendra avec le temps un incontournable de l'univers Sonic.
Pari réussi pour Sega avec ce deuxième épisode de Sonic sur Master System. Tout en restant dans la droite lignée de son prédécesseur, le titre apporte des nouveautés qui sont une véritable bouffée d'air frais pour la série, que ce soit d'un point de vue esthétique ou au niveau du gameplay. Doté d'une maniabilité toujours aussi performante, et d'une animation sans faille, il se place sans conteste parmi les meilleurs jeux de plates-formes de la 8 bits de Sega, qui en a pourtant vu défiler beaucoup. Une valeur sûre.