Après avoir tenté d’infiltrer Solid Snake sur PSP avec les Metal Gear Acid, Konami revient et nous propose Metal Gear Solid Digital Graphic Novel. Le joueur pourra cette fois revivre les évènements de MGS 1 et en découvrir tous les secrets sous forme de comics animés. Le titre en vaut-il la chandelle ?
Plus qu'une simple version digitale du comics, Konami nous propose trois modes distincts. Dans un premier temps, le joueur visionne une version animée et bruitée du comics. Baptisé « Simulation RV », ce mode joue le comics d'un bout à l'autre, faisant du joueur un simple spectateur. Le visionnage terminé, le joueur pourra alors revenir dans les pages pour y trouver des fragments de données. Ce mode intitulé « recherche mentale » nous fait explorer chaque page à la recherche de secrets cachés sur l'histoire directe mais aussi tout ce qui l'entoure. Enfin, le troisième mode de jeu, nommé « construction de mémoire », vous propose de relier entre elles les données que vous aurez récoltées pour en faire apparaître de nouvelles et ainsi apprendre la vérité sur l'incident de Shadow Moses.
Penchons-nous en premier sur cette adaptation peu banale de la plus célèbre saga d'infiltration du jeu vidéo. Si les dessins d'Ashley Wood peuvent dérouter au premier regard, on en prend vite l'habitude pour finalement s'apercevoir que son style graphique pour le moins particulier correspond tout à fait à l'esprit du jeu. Le trait propose une ambiance sombre et virile dans les tons bleu-gris et la qualité graphique est au rendez-vous. Quid du scénario ? Les fans seront heureux de retrouver l'histoire qui a fait le succès du jeu. Mieux : Kris Oprisko parvient à adapter certains passages de pur gameplay sans casser le rythme et surtout en respectant l'univers MGS. Par exemple, le combat contre Psycho Mantis, qui nécessitait un changement de port manette, se transforme et devient une tentative de manipulation mentale pour plonger Snake dans la folie. Il y a tout de même quelques fausses notes dans la réalisation. Dans les moments clés de l'histoire, les animations des dessins sont de qualité et l'action bien présente, mais dans les passages plus « creux » on se croirait presque devant un simple livre pop-up. Ce qui au final est assez décevant. Autre point négatif, la musique et les bruitages ne sont pas issus du jeu. Seul le thème de Psycho Mantis et la sonnerie du codec sont repris. Le thème de Metal Gear Solid dans sa version Twin Snakes ne fait son apparition qu'au générique de fin… Les fans auraient sans doute apprécié de retrouver des sons familiers pour les mettre dans l'ambiance. On aurait également aimé entendre quelques voix puisque la PSP en est largement capable. Malgré ces quelques défauts, on arrive tout de même à apprécier l'ensemble qui reste divertissant.
Passons maintenant au mode de recherche. Pendant votre relecture, vous pourrez dénicher dans les pages des fragments de mémoire concernant le jeu ou son univers. Tout y passe : armement, personnages, lieux, organisations, arrière-plans historiques…De Snake à la dissuasion nucléaire en passant par Johnny Sasaki, Foxhound ou encore l'arrière-train de Meryl, les fragments sont très nombreux. A vous alors d'entrer en mode de recherche pour les trouver. Deux outils pour vous y aider. Le premier est un petit oscilloscope qui vous indique la proximité d'un fragment pour arrêter la lecture sur la page (ou parfois même l'image) qui convient. Quant le fragment est à portée, passez en mode d'exploration de la page et cherchez-le à l'aide du viseur. Mais il ne faudra pas se contenter de chercher en surface. Certains éléments sont cachés et il faudra zoomer pour les dénicher. Certains fragments importants sont verrouillés et il faudra relier les bons fragments entre eux dans le troisième mode de jeu pour y avoir accès. Si l'interface de recherche est claire et simple à utiliser, certains effets sont là encore assez inégaux. Certains dessins nous proposent un effet de zoom de qualité alors que les arrière-plans nous donnent l'impression d'avoir collé notre œil à la feuille de papier.
Venons-en au plus intéressant. Le mode construction vous propose de reconstruire la mémoire de l'incident de Shadow Moses en reliant correctement entre eux les fragments récoltés dans le mode précédent. Si une combinaison correcte vous ouvrira de nouvelles possibilités, une erreur vous empêchera de progresser et vous sera signalée. Là encore vous pourrez vous aider d'un code couleur pour savoir quels fragments relier. Ces fragments sont regroupés par thèmes qui sont bien sûr reliés les uns aux autres, le tout formant une gigantesque base de données. Certains fragments concernant MGS 2 partent même dans le vide pour nous laisser entrevoir la possibilité d'une suite. Si cette base de données est une mine d'informations impressionnante, elle aurait cependant pu être mieux organisée. La vue est très (trop) souvent encombrée par des fragments n'ayant aucun rapport avec celui qui nous intéresse, ce qui nous empêche de nous déplacer lorsque le zoom est à fond ou de lier les fragments correctement avec une vue plus large. La qualité graphique de l'interface est aussi très en dessous de ce dont la PSP est capable. C'est en effet regrettable de voir de l'aliasing sur des formes géométriques simples…
Alors c'est bien beau tout ça mais est-ce qu'on prend plaisir à jouer à cette déclinaison d'un jeu mythique ? Si l'adaptation en bande dessinée est assez réussie, reconstruire la mémoire de Shadow Moses s'avère être une tâche assez laborieuse. Si la plupart des fragments de mémoire vous tomberont tout cuit dans le bec, il faudra quand même faire des allers-retours fréquents entre base de données et recherche de fragments afin de trouver l'information qui vous manque pour déverrouiller toutes les autres. Il faudra donc appuyer sur le bouton d'exploration au bon moment pour avoir la bonne image. Ce qui est parfois loin d'être gagné. Heureusement, le nom des fragments à chercher nous met sur la voie pour savoir dans quel passage du comics le chercher. Bref, si le comics peut plaire à beaucoup de monde, il faut quand même s'accrocher un peu pour venir à bout de la base de données.
- Graphismes14/20
Le coup de crayon d’Ashley Wood correspond tout à fait à l’esprit du jeu et retranscrit bien l’univers de Metal Gear Solid. Quel dommage qu’il soit gâché par certains effets d’animation peu convaincants et une modélisation assez basique de la base de données.
- Jouabilité13/20
La lecture du comics et la recherche des fragments de mémoire se fait très simplement. Mais la base de données, si elle reste claire au début, devient très vite peu lisible ce qui empêche d’y naviguer correctement. Vous perdrez aussi pas mal de temps à chercher LE fragment manquant pour pouvoir progresser correctement.
- Durée de vie13/20
La lecture du comics est correcte, comptez deux heures et demie pour venir à bout des 271 pages. Pour le reste tout dépendra de votre perspicacité. Mais une fois la base de données complète, le jeu est bel et bien fini. Vous pourrez toujours visionner le comics à nouveau si le cœur vous en dit.
- Bande son12/20
Les musiques et les bruitages viennent compléter les effets d’animation du comics pour nous mettre dans l’ambiance. On aurait cependant préféré retrouver la bande-son du jeu original, les quelques bruits et musiques officiels étant trop peu nombreux. Les voix auraient aussi été bienvenues.
- Scénario18/20
On retrouve l’histoire qui a fait le succès du jeu de Konami. Kris Oprisko parvient tout de même à adapter certains passages délicats sans perdre le rythme ni l’essence de la saga.
Le concept de ce Metal Gear Solid Digital Graphic Novel est assez original. Cette version de MGS 1 vient enrichir l’univers déjà conséquent de la saga et parvient à nous divertir. Mais si le comics ravira les fans, le travail de Konami risque de les décevoir. Le manque de qualité visuelle dans cette version digitale du roman graphique pourra en repousser plus d’un, de même que la pénibilité de construction de la base de données. Cette dernière reste néanmoins intéressante pour la masse d’informations impressionnante qu’elle apporte et mérite donc qu’on s’y attarde.