Lointaine est cette époque bénie où beaucoup de développeurs proposaient gratuitement aux joueurs du contenu supplémentaire, pour le bonheur, pour la gloire et pour assurer à leur bébé de rester frais. Mais avec l'avènement des consoles HD, la mode hélas est passée aux contenus payants, promptement achetés par des hordes de joueurs qui n'ont finalement jamais connu autre chose. Et de toutes ces séries qui aiment à se goinfrer de piécettes, celle des Call of Duty est probablement la plus goulue. Bref, nous ne sommes donc pas surpris de voir débarquer sur le net un pack de 5 cartes additionnelles proposé au tarif bien costaud de 15 €, le tout en exclusivité provisoire sur 360.
Les lignes qui suivent, vous vous en doutez, n'ont donc qu'un seul et unique but, celui de répondre à cette question hautement existentielle : ces gentilles maps valent-elles vraiment qu'on débourse la somme rondelette de 15 € ? Avant de répondre avec violence en lâchant un flot d'injures au sein duquel une oreille attentive pourrait éventuellement distinguer des "'aches à lait !" et autres "abusette !", prenons donc le temps d'examiner le contenu de la bête. First Strike propose 5 cartes répondant aux noms de Discovery, Stadium, Kowloon, Berlin Wall et Ascension, cette dernière étant dédiée exclusivement au célèbre mode Zombie. Or ces 5 cartes, il faut l'avouer, sont d'excellente qualité, toutes se distinguant clairement par leur ambiance et leur manière d'être jouées. On peut dire ce que l'on veut de Treyarch, mais le fait est que les bougres ont souvent été capables de concevoir des cartes multi équilibrées, faciles à appréhender sans être basiques, et dotées de surcroît d'une véritable identité.
Même en gardant cela en tête, le fait est que First Strike pourrait bien passer pour leur meilleure réalisation à ce jour. Les fans apprécieront notamment le soin apporté aux petits détails sur chacun de ces nouveaux environnements. On pense par exemple à cette espèce de no man's land qui scinde Berlin Wall en deux. Traverser cette zone sans passer par les deux brèches dans le mur déclenchera systématiquement un feu nourri de la part de mitrailleuses automatiques. Dans Kowloon, outre la pluie battante, les recoins de vicieux, les plus suicidaires pourront tenter de traverser la carte à l'aide de tyroliennes... Le simple fait de progresser sur cette map constitue déjà un challenge intéressant. Dans Discovery, carte enneigée relativement classique dans sa structure, il sera possible de faire s'effondrer un pont de glace et d'observer une aurore boréale au sortir d'une caverne. Quant à Stadium, le simple fait de pouvoir se battre à proximité d'une patinoire (mais pas vraiment dessus malheureusement) s'avère assez rafraîchissant. Dans tous les cas, vous découvrirez une multitude d'angles vicieux et de coins de snipe forcément accessibles d'un côté qu'il ne sera pas possible de bloquer totalement. Bref, tout ce que l'on attend de maps équilibrées et sympa à jouer.
Reste enfin à évoquer Ascension, la carte destinée au mode Zombie. Là encore, Treyarch fait fort en proposant une architecture torturée, avec la possibilité de sauter d'un bout du niveau à l'autre en utilisant des plates-formes volantes. On découvrira même quelques blagues bien stupides au détour de certains couloirs avant d'affronter de minuscules singes zombies (oui oui, vous avez bien lu), remplaçants délirants des chiens de l'enfer. Bref, pris en tant que tel, le premier map pack de Black Ops est d'excellente qualité, alignant une poignée de cartes très réussies du point de vue du gameplay tout autant que du design (tout en considérant que techniquement parlant, le multi de Black Ops reste tout de même très laid).
Oui, sauf que 15 €, cela fait tout de même très cher pour quelques cartes, aussi réussies soient-elles. Mais à cela, les vieux de la vieille nous remettront peut-être les idées en place en citant les soi-disant add-on de Quake 2 ou de Duke Nukem payés au prix fort (250 F à l'époque) et qui n'offraient finalement que 7 ou 8 niveaux solos... Bref, si Activision ne fait clairement pas dans la philanthropie, on voit mal comment critiquer la méthode. En effet, les fans qui ne jurent que par Black Ops ne regretteront certainement pas leur achat, tandis que rien n'empêchera les autres de crier au vol, tout en banquant quand même...
- Graphismes13/20
D'un point de vue artistique, pas de doute, les cartes de First Strike sont vraiment réussies. Chaque map possède en effet une identité propre, une vraie cohérence, tout en garantissant un gameplay varié et toujours aussi efficace. Du côté de la technique en revanche, le moteur de CoD commence sérieusement à faire mal aux yeux.
- Jouabilité16/20
Extrêmement bien pensées, les cartes de ce map pack sont un véritable plaisir à parcourir. Faciles à appréhender, elles fourmillent pourtant de petites subtilités que seuls les excellents joueurs seront à même de déceler puis d'exploiter. Prônant souvent la prise de risques maximum (à l'image des tyroliennes des Kowloon), ces niveaux apportent une variété bienvenue au multi de Black Ops.
- Durée de vie14/20
Un critère extrêmement difficile à évaluer, surtout dans le cas d'un pack de cartes multijoueurs ! Mais étant donné la grande qualité de ces cartes, on imagine sans peine que les joueurs assidus passeront énormément de temps sur ces dernières.
- Bande son13/20
La bande-son multi reste la même que dans le jeu de base. En d'autres termes, on se retrouve avec un flot quasi ininterrompu d'infos mécaniques qui devient rapidement lourdingue. Les bruitages restent quant à eux très efficaces.
- Scénario/
Bien mais trop cher. L'expression est certes basique, mais elle retranscrit à merveille notre ressenti vis-à-vis de ce premier pack de cartes pour le FPS de Treyarch. En résumé, si vous êtes un inconditionnel du multi de Call of Duty : Black Ops, vous ne regretterez sans doute pas d'avoir déboursé 15 € pour découvrir 5 niveaux bien construits et tous dotés d'une véritable identité. Les autres en revanche ne manqueront pas de crier au scandale, ce qui ne pourra en rien occulter cette vérité : tant qu'il y aura des gens pour payer, qu'ils soient pleinement satisfaits ou non, la politique d'Activision s'en trouvera justifiée.