Si le snipe est présent dans tous les FPS, rares sont ceux qui en font une tête d'affiche. Dans ce genre sous représenté, Sniper Ghost Warrior avait réussi à se faire attendre. Et bien évidemment, il déçoit.
Sur le papier, Sniper Ghost Warrior est plein de promesses. Incarner un tireur d'élite joliment camouflé qui crapahute dans la jungle, ça change du contenu habituel des FPS l'arme au poing. Pour soigner l'expérience, le jeu propose donc d'enrichir un peu la pratique du tir de précision en prenant en compte la distance, le vent et la gravité. Pour ajuster son tir, il faudra prendre en considération ces éléments et parfois viser à côté de sa cible, en considérant le temps qu'il faudra au projectile pour parcourir la distance. Dans les deux premiers modes de difficulté, un point rouge vient d'ailleurs indiquer le point d'impact réel de la balle, en mode Hard en revanche, vous serez en roue libre. Une fois ces bases maîtrisées, on apprécie le style "réaliste mais pas trop quand même" de Sniper Ghost Warrior et on peut se lancer dans le mode solo. Là, on découvre que l'infiltration est également une composante importante du jeu. Mieux vaut se coucher dans les herbes folles et les fougères que d'engager le combat et traverser ainsi les zones dangereuses jusqu'à rejoindre un emplacement de tir d'où on pourra œuvrer dans la joie et la bonne humeur. C'est relativement amusant... quand c'est ce qu'on nous demande de faire.
Quand on commence à jouer, on serait presque enthousiaste à l'idée de s'infiltrer en quête d'un spot de tir bien placé dans un environnement qui semblait vaguement ouvert. Seulement voilà, on découvre vite que tout ça, c'est du flan. Les décors sont en fait parfaitement linéaires et si on voit un paquet de points en hauteur qui feraient d'excellents postes de tirs, on ne peut pas s'y rendre, le chemin étant bloqué par des obstacles infranchissables comme un grillage, un tronc d'arbre couché ou une échelle... Il faut en effet savoir que notre brillant tireur d'élite des forces spéciales n'est pas fichu de grimper à une échelle, donc si vous pensiez que cette tour de garde à droite ferait un super coin pour faire panpan sur les méchants, raté. En fait, la plupart du temps, on snipe au ras du sol. C'est navrant. Quant à l'infiltration qui pourrait être un gros plus pour le jeu, elle est plombée par une des pires intelligences artificielles de ces derniers mois. Parfois complètement aveugle et ne réagissant à rien, elle est soudainement prise d'un coup de folie et met en action ses yeux bioniques capables de nous repérer à travers 6 murs, un rocher, une citerne et des fougères. Ses réactions sont si imprévisibles qu'on en arrive à simplement liquider tout le monde. Sauf bien sûr dans cette mission où la moindre alarme vaut un game over. Seule solution : essayer 15 progressions différentes jusqu'à trouver la bonne, en espérant que l'IA ne va pas encore nous péter un plomb.
Mais le plus ennuyeux reste encore le fait que le jeu n'est en vérité pas du tout centré sur le snipe qui n'est finalement pas mis en valeur. Certaines missions ne sont d'ailleurs que de vulgaires assauts menés tambour battant et M16 crachant. Une horreur car les environnements sont alors infestés d'ennemis qui font mouche à des kilomètres et qu'on ne distingue pas du reste de l'environnement. La faute à un aliasing catastrophique qui fait que l'écran est littéralement envahi d'un gigantesque scintillement. La réalisation est d'ailleurs globalement très moyenne. Si on sent que le moteur 3D a du potentiel, les effets sont brouillons au possible, les ombres simplement immondes et le tout saccade à tout va. Les collisions prêtes également à rire. Entre la végétation qui pousse à travers les rochers et le joueur qui doit parfois faire un bond pour franchir la dernière marche d'un escalier, il y a de quoi pouffer un brin. La bande-son ne fait pas mieux. Entre le doublage ridicule du personnage principal, les speeches en espagnol répétés en boucle par les soldats ennemis et les morceaux de bande-son qui manquent dans les cinématiques, on peut dire que le travail a été bien salopé.
Le jeu a toutefois ses bons moments, ils sont rares, mais suffisent à distinguer sous cet amas d'erreurs quelques bonnes idées et un potentiel réel. Mais si on le perçoit, on en profite jamais, ce qui ajoute à l'agacement une bonne dose de frustration. En somme, si le snipe réaliste vous branche, mieux vaut aller jouer à Arma.
- Graphismes10/20
Sous un amoncellement d'aliasing, de bugs de collisions et d'effets catastrophiques, le Chrome Engine 4 a l'air joli. Dommage qu'on n'ait pas la possibilité de le voir.
- Jouabilité8/20
La gestion des différents facteurs dans l'utilisation du snipe est convaincante mais dans la pratique elle est complètement inutile. Le titre ressemble à n'importe quel mauvais FPS avec son IA minable et ses missions génériques.
- Durée de vie14/20
Le mode solo vous tiendra une douzaine d'heures. Le multi est anecdotique.
- Bande son10/20
Le doublage du personnage principal est risible au possible et les effets sont d'une manière générale franchement mauvais. Certains bruitages animaliers évoquent les Lums de Rayman. Les thèmes musicaux s'oublient vite et collent même parfois assez mal à l'action.
- Scénario5/20
L'enchaînement des missions est très maladroit et on a même parfois du mal à comprendre pourquoi on se retrouve à tel ou tel endroit. Alors même que le scénario tient sur un quart de Post-it petit format.
Sniper Ghost Warrior ne manquait pas de quelques bonnes idées et en de rares occasions il arrive même à se montrer sympa, mais les 90% du reste du jeu sont juste imbuvables. Entre une IA tantôt bionique tantôt autiste, un level design misérable et un aliasing qui vous rendrait aveugle, faites votre choix.