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Test Prison Break : The Conspiracy

Prison Break : The Conspiracy : Pub TV

Prison Break : The Conspiracy
16 311 vues
Profil de pixelpirate,  Jeuxvideo.com
pixelpirate - Journaliste jeuxvideo.com

Prison Break fait partie des séries télévisées les plus marquantes de ces dernières années. Son scénario d’une redoutable efficacité, sa réalisation coup de poing et ses acteurs très impliqués ont contribué à son succès important dans tous les pays où elle a été diffusée. Certes, l’intérêt s’est un peu étiolé au fil des saisons, mais la série tient toujours une place de choix dans le cœur de nombreux fans. Autant dire que le studio slovène Zootfly avait plutôt intérêt à soigner cette adaptation vidéoludique.

Prison Break : The Conspiracy

Prison Break : The Conspiracy adopte un postulat de départ bigrement intéressant : vous mettre dans la peau d'un personnage inédit, qui pourrait assister de près aux événements bien connus sous un angle sensiblement différent, sans en altérer le déroulement. Du coup, vous n'incarnez pas l'un des principaux protagonistes de la série, mais un tout nouveau personnage du nom de Tom Paxton, infiltré à Fox River comme prisonnier. Sa mission est de surveiller Michael Scofield, qui s'y est fait incarcérer volontairement afin d'en sortir son frangin, Lincoln Burrows, accusé à tort du meurtre du frère de la vice-présidente des Etats-Unis. Burrows est en fait victime d'un complot fomenté par le Cartel, une organisation secrète pour laquelle travaille Tom Paxton. En somme, on vous donne le rôle du méchant de l'histoire, votre tâche consistant à veiller à ce que le frère de Scofield n'échappe pas à la chaise électrique ! Voilà un parti pris diablement alléchant, qui permettra aux fans d'en apprendre davantage, tout au long de leur progression dans le jeu, sur l'immixtion du Cartel dans l'enceinte même de la prison.

Prison Break : The Conspiracy
Les protagonistes de Prison Break sont tous là, modélisés avec plus ou moins de réussite.
Pour commencer, il vous faut établir le contact avec Scofield et son entourage et rendre compte de vos observations à votre supérieur du Cartel. Puis ce dernier vous demande de passer à l'action pour contrecarrer les plans d'évasion de votre cible (qui comme chacun sait s'est fait tatouer le plan de la prison dans le dos). Le scénario vous tient malgré tout à bonne distance des événements. Vous assistez aux moments les plus marquants de la série (le premier dialogue entre Michael et son frère, sa rixe avec John Abruzzi, sa rencontre avec Sara Tancredi, l'émeute etc.) mais sans pouvoir y prendre part directement. Cette restriction, bien compréhensible, ne serait pas bien grave si à côté de ça, on laissait votre personnage évoluer plus ou moins librement dans la prison. Hélas, il n'en est rien. Prison Break : The Conspiracy est même d'une linéarité absolue. Les différentes sections de Fox River ne deviennent accessibles que lorsque les développeurs en ont décidé ainsi. Les portes s'ouvrent et les personnages se mettent à vous parler à mesure que le jeu déroule son inévitable trame, sur laquelle vous n'avez pas la moindre prise. On vous demande d'aller chercher un objet ou d'aller tabasser tel ou tel type ? Exécutez-vous car, dans le cas contraire, l'histoire n'avancera pas.

Prison Break : The Conspiracy
Le jeu permet de revivre les moments les plus marquants de la première saison.
La représentation adoptée est une vue à la 3ème personne avec une caméra située à hauteur d'épaule et légèrement décalée sur la droite comme dans un Resident Evil 4, ce qui ne sert d'ailleurs à rien si ce n'est à rendre vos mouvements particulièrement lourds et à vous empêcher de marcher droit. Bien que fidèles à la série, les décors dans lesquels vous évoluez sont terriblement fermés et ne proposent aucune source d'interaction (vous ne pouvez pas ramasser ou utiliser des objets et les personnes à qui parler sont rares). On vous dirige d'objectif en objectif par le biais de croix jaunes affichées sur le plan des lieux, ce qui est parfaitement inutile tant les environnements de jeu sont cloisonnés. Et s'il reste possible de désactiver cette assistance au plus haut niveau de difficulté, vous n'échapperez pas à la fonction nommée « Focus », qui dirige votre regard sur votre cible d'une simple pression sur le bouton ou la touche dédiée. En gros, vous n'avez même pas à vous soucier de bouger la caméra. Le gameplay archi minimaliste ne vous octroie de toute façon qu'un contrôle minimum sur votre personnage, qui se limite à avancer et à donner des coups de poing (impossible, par exemple, de sauter librement) ; tout le reste se fait à base d'actions contextuelles.

Prison Break : The Conspiracy
Le gameplay aligne des séquences de pseudo-infiltration terriblement scriptées.
Si l'on osait, on pourrait définir Prison Break : Conspiracy comme un jeu d'infiltration, car la majorité des phases de jeu consistent à s'introduire discrètement dans un lieu pour s'emparer de ce qu'on vous a demandé d'aller chercher. Seulement voilà : comment qualifier d'infiltration ces séquences scriptées, dépourvues d'IA et truffées d'actions contextuelles ? C'est d'abord leur linéarité qui dérange : le seul cheminement possible vous est imposé par le level design, à grand renfort de portes closes et d'entrées gardées. Votre personnage a la possibilité de s'accroupir, de se plaquer contre un mur, de rouler, de grimper ; il peut même dévisser des grilles d'aération pour se glisser dans des conduits, ou encore crocheter des serrures... Oui mais voilà : toutes ces options ne sont disponibles qu'en fonction du contexte. Vous devez donc vous limiter à faire ce que vous impose le jeu, qui a prévu quand vous deviez escalader un mur, vous dissimuler derrière un tas de caisses, et quelles portes vous pouviez ouvrir. Le pire, c'est que votre dextérité ne sera même pas mise à l'épreuve, puisque la majorité de ces actions se résume à appuyer sur un simple bouton. Mais il y a pire : si vous comptiez vous déplacer furtivement en étudiant et en anticipant les rondes des gardiens, c'est raté, et pour cause : tout est scripté.

Prison Break : The Conspiracy
En sus des actions contextuelles, on trouve des QTE aussi fréquents que mal fichus
Vous vous en rendrez compte quand, après avoir essayé une vingtaine de fois de passer furtivement derrière un type posté face à une machine à café, vous réaliserez qu'il suffisait de vous dissimuler dans le placard situé à côté pour déclencher le script de son départ. C'est d'autant plus affligeant qu'il vous sera peut-être impossible de vous cacher dans le prochain placard croisé. On en revient donc toujours au même : si vous ne faites pas ce que le jeu attend de vous, vous ne pouvez pas progresser. Et au cas où vous seriez repéré, sachez qu'il n'existe aucune alternative, aucun plan B sur lequel se rabattre. Car Prison Break : Conspiracy ne vous permet ni de fuir, ni d'assommer le maton qui vous a vu, ni de courir éteindre une quelconque alarme. Non : il se borne à interrompre l'action et à vous ramener au dernier checkpoint, sans se fendre d'aucune animation contextuelle. En revanche, il vous assène régulièrement une série de QTE en réponse à une situation imprévue (sol qui se dérobe sous vos pieds, porte d'ascenseur qui se ferme, malade mental qui vous fonce dessus...). Ces séquences sont, hélas, terriblement mal fichues, car elles vous obligent à marteler un bouton ou une touche, pour ensuite appuyer rapidement sur un(e) autre. Vous essuierez quelques échecs frustrants, sans conséquence aucune puisque vous pourrez réessayer jusqu'à réussite.

Prison Break : The Conspiracy
Les phases de combat sont peu stimulantes et surtout très répétitives.
De temps en temps, le jeu vous met dans des situations de combat qui ne se montrent guère plus enthousiasmantes que le reste. Vous disposez d'une petite palette de coups (crochet rapide, grosse frappe lente et blocage) avec quelques QTE en appui pour vous permettre d'esquiver ou de contrer ceux de votre adversaire. Le résultat est morne et répétitif. Le seul plaisir est celui qu'on prend à tabasser un ennemi encore à terre ou à voir gicler du sang transparent qui évite au titre un classement PEGI 18. Vous avez pourtant l'occasion de cumuler ces phases de jeu en prenant part aux combats clandestins qui se déroulent dans les sous-sols de Fox River. Vous pouvez alors choisir la puissance de votre adversaire, avec une récompense en conséquence. Si vous ne vous sentez pas à la hauteur, vous avez à votre disposition quelques instruments de torture (punching-balls, haltères...) qui vous permettront de vous endurcir physiquement. Avec l'argent gagné, il vous sera possible de vous faire tatouer le symbole de vos rêves sur la partie désirée de votre anatomie. Notez enfin que ces séquences de baston vous sont resservies dans un mode deux joueurs aussi opportuniste qu'inutile.

Prison Break : The Conspiracy
Les développeurs ont fait un certain effort sur le plan de l'ambiance et de l'immersion.
Que reste-t-il pour sauver Prison Break : Conspiracy ? Sans doute sa fidélité exemplaire à la série, qui ravira les fans, soutenue par une ambiance qui devrait plaire à tout un chacun. Les prisonniers s'agitent ou se reposent, se battent ou discutent ; les matons font le guet, les infirmiers se précipitent dès qu'un homme est à terre, le personnel s'active en cuisine... Bref, le décor est bien planté. La réalisation n'est pourtant pas folichonne. La modélisation des personnages n'est pas terrible et souffre notamment de proportions tête/corps fantaisistes. Certains protagonistes de la série TV sont correctement reproduits, mais d'autres (on pense à la pauvre Sara Tancredi) sont à peine identifiables. Qui plus est, leur visage manque d'expressivité. Le bilan est tout aussi mitigé sur le plan sonore : les thèmes musicaux originaux se montrent trop répétitifs et les dialogues font souffler le chaud et le froid : en gros, les acteurs issus de la série s'en tirent avec les honneurs, mais les personnages secondaires sont affublés de doublages bien peu convaincants qui souffrent de la comparaison. Et pour ne rien arranger, un problème qui tient au volume de certaines voix, à l'évidence trop faible, vient encore gâcher le tout.

Au final, Prison Break : The Conspiracy n'a pas grand chose pour lui. Tout au long des 9 missions qui vous attendent (et autant d'heures de jeu), vous enchaînez les séquences sommaires et répétitives sans pouvoir prendre la moindre initiative. Ce titre, qui n'est somme toute qu'une adaptation ratée de plus, ne présente donc guère d'intérêt ludique. A prendre à la rigueur comme film interactif.

Les notes
  • Graphismes11/20

    Prison Break : The Conspiracy offre des décors d’une grande fidélité à la série et des personnages qui ressemblent à leur modèle, à quelques exceptions près. Il est toutefois regrettable que la modélisation souffre de proportions fantaisistes, d’une animation tout juste acceptable et de visages complètement inexpressifs.

  • Jouabilité5/20

    Prison Break : The Conspiracy est une véritable négation du mot gameplay. Ce dernier est pour ainsi dire inexistant, puisque tout se règle à grands coups d’actions contextuelles et de QTE, qui se révèlent de surcroît sacrément mal fichus. Ajoutez à cela une progression balisée, mâchée, scriptée, rendue pénible par des déplacements d’une lourdeur sans nom.

  • Durée de vie12/20

    Les 9 chapitres (+ un prologue) que contient le jeu se bouclent en un peu moins d’une heure chacun. Comptez donc entre 8 et 10 heures pour boucler le titre, sachant que sa linéarité poussée à l’extrême le prive de toute rejouabilité. Et n’espérez pas miser sur le grotesque mode deux joueurs pour booster sa longévité.

  • Bande son10/20

    Les fans se raviront de la présence des thèmes musicaux originaux, qui se révèlent hélas trop peu variés pour illustrer l’action sans aucune redondance. Le doublage en français est inégal : les acteurs originaux se sortent très bien de cet exercice, mais les nouveaux personnages souffrent de la comparaison. Il y a également un trop grand contraste entre le volume des différentes voix.

  • Scénario13/20

    Le pitch de départ est diablement séduisant. Vivre la même aventure sous un autre angle est excitant, et les jeux qui vous proposent d’incarner le méchant ne sont pas légion. Hélas, les qualités bien réelles du scénario se noient dans une progression trop mollassonne, qui aligne les missions de type Fédex.

Prison Break : The Conspiracy est un véritable ratage qui n’assume à aucun moment son postulat de départ : en vous proposant d’incarner un personnage inédit, qui reste en marge des événements, les développeurs auraient dû aboutir à une progression plus souple et moins contraignante. Le gameplay, quasi inexistant, cumule les défauts les plus insupportables des jeux consoles actuels : linéaire, archi-scripté, truffé de QTE, il aligne des séquences de pseudo-infiltration qui ne dégagent aucun plaisir de jeu. Cloisonnée, dirigiste et bourrine, cette adaptation loupée aura au moins le mérite de vous faire comprendre l'enfer carcéral.

Note de la rédaction

7
11.3

L'avis des lecteurs (90)

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