Présenté comme un spin-off de la série Final Fantasy, The Four Light Warriors est sorti au Japon quelques semaines seulement après sa première présentation au Tokyo Game Show 2009. Une entrée en scène plutôt rapide et inattendue, voire confidentielle, pour un jeu littéralement imprégné d'une aura rétro et destiné à un public de nostalgiques.
Réalisé par l'équipe de Matrix Software sous la tutelle de Square Enix, The Four Light Warriors : Final Fantasy Gaiden rend hommage à l'âge d'or du RPG nippon. Construit à la manière d'un Final Fantasy III, le soft semble avoir été conçu avec la volonté d'offrir aux joueurs un trip old-school clairement assumé. Tout dans cet opus renvoie à l'époque bénie des premiers jeux de rôle sur consoles, le titre ayant d'ailleurs encore plus de points communs avec Dragon Quest qu'avec Final Fantasy !
Chacun des aspects du jeu affiche ainsi fièrement une inspiration rétro évidente, à commencer par la bande-son constituée de musiques mélodieuses mais aux sonorités dépassées. Le scénario nous relate le voyage épique de quatre nouveaux « guerriers de la lumière », élus par les cristaux pour repousser les suppôts du Mal. Témoins d'une malédiction frappant les habitants de leur village natal, nos héros devront, dans un premier temps, mener leur quête en solo ou en petits groupes, le destin prenant un malin plaisir à les réunir à maintes reprises pour mieux les séparer. Ce manège dure quand même une bonne dizaine d'heures avant que le groupe ne soit définitivement soudé, la première partie de l'aventure faisant surtout intervenir des alliés temporaires qui nous donnent un avant-goût des nombreux jobs que l'on sera amené à utiliser. Car à chaque fois que le cristal se manifeste devant lui, le groupe acquiert des classes supplémentaires, utilisables à tout moment du jeu. Le joueur peut ainsi librement décider de modifier la panoplie de ses personnages pour les transformer en mages, en voleurs ou en guerriers selon les besoins de la situation.
Dans sa globalité, le soft comporte quand même 28 jobs différents qui assurent un renouvellement appréciable au niveau du gameplay. Contrairement à un jeu comme Final Fantasy V, les talents propres à chaque classe ne doivent pas être maîtrisés à force de pratique. Le système de The Four Light Warriors : Final Fantasy Gaiden est en effet à la fois plus simple et plus subtil. Si les capacités propres à un job ne sont utilisables que lorsqu'on revêt le job en question, tous les personnages ont la possibilité de recourir à n'importe quelles armes et à n'importe quelles magies quel que soit leur classe. En revêtant le job de mage noir, vous aurez néanmoins l'avantage non négligeable de lancer vos sorts noirs plus rapidement, ces derniers nécessitant moins de points d'AP pour être lancés. Idem pour le job de mage blanc. C'est d'ailleurs dans cette notion d'AP que réside toute l'efficacité du système de jeu. A chaque tour d'action, les personnages doivent en effet puiser dans leur stock d'AP pour effectuer une action plus ou moins coûteuse. Si ce quota n'est pas suffisant, il faut alors se mettre en défense pour faire remonter sensiblement son total d'AP. Qui plus est, le choix des actions utilisables en combat vous appartient totalement. L'interface permet en effet d'assigner librement six actions différentes (capacités, magies) à ses personnages en plus de l'attaque, de la défense et de l'accès aux objets.
L'accent est donc mis sur la nécessité de jongler entre les différents jobs et la bonne gestion des AP, mais, mis à part cette petite particularité, le gameplay demeure résolument traditionnel. Les balades sur la carte du monde se font au gré des rencontres aléatoires et de l'alternance du jour et de la nuit. Les donjons sont plutôt avares en énigmes et se plaisent davantage à nous embrouiller par leur caractère labyrinthique et leurs coffres piégés. Les villages abritent quelques boutiques spécialisées dans les magies, les armes et les armures pour nous permettre d'élargir notre panel d'actions en échange de quelques joyaux. Car les gils (la monnaie de la série) s'obtiennent seulement en revendant les pierres précieuses obtenues en combattant, à moins que vous ne préfériez les conserver pour booster l'efficacité de vos jobs. Mais le plus délicat à gérer reste quand même l'inventaire, limité à seulement une poignée d'objets par personnage (équipement compris !), l'accès au coffre de stockage n'étant possible que dans les villages. Une contrainte qui multiplie à l'excès les transferts d'objets via les menus, obligeant le joueur à n'emporter que le strict nécessaire durant ses nombreuses expéditions.
Si l'orientation de gameplay se veut résolument old-school, elle n'en est pas moins masquée par une réalisation 3D de haut vol. Le rendu graphique très stylisé, avec ses personnages en SD et ses décors dépourvus de contours, ne manquera pas d'en déstabiliser quelques-uns, mais il apporte bel et bien la touche de fraîcheur qu'il fallait à un jeu comme celui-ci pour ne pas se noyer dans un abus de clichés old-school. L'esthétique choisie permet même au titre de se différencier des remakes de Final Fantasy III et Final Fantasy IV sur DS, même si on retrouve bien la patte de Matrix Software à travers certains mini-jeux ou dans la recherche des trésors invisibles cachés dans les villages. Quiconque s'essayera à The Four Light Warriors : Final Fantasy Gaiden doit donc être prévenu. Il convient d'être foncièrement attaché à l'héritage old-school des jeux de rôle sur consoles pour adhérer totalement à l'esprit de cet épisode. Dans le cas contraire, le joueur restera sans doute perplexe devant les choix rétro effectués par les concepteurs du soft au niveau du gameplay et du déroulement de l'aventure. Les intentions affichées par cette cartouche sont bel et bien de donner au joueur le sentiment qu'il évolue dans un titre issu d'une lointaine époque, celle où un rien réussissait à nous émerveiller.