Quand un laveur de vaisselle se fait arracher le coeur, il se lance dans une croisade sans pitié contre une horde de cyborgs. Il faut avouer qu'on serait fâché à moins. Derrière cette trame improbable se cache en réalité un redoutable beat'em all à l'ancienne.
The Dishwasher est donc un plongeur, mais pas de ceux qui descendent explorer les fonds marins. Plutôt la version qui passe sa vie dans l'arrière-salle crasseuse d'un restaurant, les mains trempant dans un bac d'eau croupie. Bref, notre héros menait la belle vie, jusqu'à ce qu'il se fasse arracher le coeur par un mystérieux groupe de cyborgs. Qu'à cela ne tienne, même mort, il va chercher à se venger, retrouvant par la même occasion des bribes de souvenirs au fil de son aventure. Il faut dire que tout est flou dans la tête de The Dishwasher, et dans la nôtre aussi du coup. On ne peut pas vraiment dire que le scénario soit une grande réussite, mais qu'importe, il s'agit surtout d'un prétexte à une action soutenue.
De ce côté, il faut avouer que nous sommes servis. Le jeu se présente comme un beat'em all old-school, c'est-à-dire en 2D avec vue de profil, scrolling horizontal, plates-formes et passages secondaires. Oui, tout pareil qu'il y a 20 ans, même si cette remarque ne doit pas être prise péjorativement, bien au contraire. Le tout regorge évidemment d'ennemis disposant d'attaques variées. Face à cette menace, The Dishwasher n'est pas seul : il peut compter sur ses fidèles hachoirs, puis sur un duo de serpes, une tronçonneuse et même deux pétoires, certes moins tranchantes que le reste, mais pas moins efficaces pour autant. Sans oublier la lame polymorphe, rapidement volée au premier des traditionnels (et coriaces) boss de fin de niveau. Cette dernière permet de se déplacer aussi rapidement qu'une ombre, en plus des roulades et autres cabrioles dont notre héros est capable. Notez que cet arsenal peut être amélioré grâce aux âmes récoltées, via une boutique qui dispense aussi quelques produits de première nécessité.
Avec toutes ces cartes en mains, on pourrait craindre que la mission de The Dishwasher se résume à une promenade de santé. Rassurez-vous, il n'en est rien, c'est même plutôt l'inverse : le jeu est ardu et risque de causer quelques crises de nerfs chez les samouraïs les moins persévérants. Heureusement, notre héros possède encore une capacité bien pratique, baptisée la "magie vaisselle" (décidément, c'est un homme plein de talents). Les différents pouvoirs débloqués au fil de la progression permettent littéralement de nettoyer l'écran de toute présence hostile, dans un déluge de substance verdâtre dont on préférera taire pudiquement l'origine. L'utilisation de cette magie est toutefois rare, car elle consomme des crânes, qui s'obtiennent en achevant des ennemis assommés. Ces séquences sont d'ailleurs particulièrement jouissives, voir le plongeur décapiter un commando ou arracher la jambe d'un robot pour le tabasser avec est un vrai régal. Il faut dire qu'en dépit de sa technique rudimentaire, The Dishwasher bénéficie de graphismes soignés, très stylisés mais franchement réussis. Au final, c'est donc une nouvelle perle que nous offre le Xbox Live Arcade. Soyez néanmoins conscient qu'elle n'est pas à mettre entre toutes les mains.
- Graphismes15/20
The Dishwasher prouve que la 2D a encore de beaux jours devant elle. Certes, les décors sont plutôt sommaires, mais ils sont sublimés par le style graphique adopté, qui fait la part belle aux nuances rouge sang et aux effets crades. Le design des ennemis est bien senti, leurs mises à mort violentes n'en sont que plus belles.
- Jouabilité15/20
Le gameplay, plutôt fruste, se limite surtout à matraquer les boutons. Mais les armes sont assez jouissives à utiliser et les différents ennemis sont coriaces. Un peu trop peut-être, la difficulté parfois insurmontable risque d'en rebuter plus d'un. Notez qu'il y a aussi quelques séquences de rythme où vous troquerez les armes pour une guitare...
- Durée de vie14/20
La durée de vie est en partie gonflée par la difficulté, qui vous fera certainement recommencer plusieurs niveaux. Même sans ça, The Dishwasher propose un contenu correct, avec son mode Histoire, le mode Arcade destiné aux scorers et le multi.
- Bande son15/20
Pendant les passages calmes (si, il y en a), The Dishwasher en profite pour ménager un peu le joueur avec un thème zen d'inspiration asiatique. Dès qu'il y a de l'action, elle est soutenue par une musique beaucoup plus rock. Dans un cas comme dans l'autre, l'ambiance est au rendez-vous.
- Scénario/
L'histoire n'est assurément pas le point fort du jeu. Elle a cependant le mérite d'exister et de faire parfois sourire par son côté décalé. La narration se fait par le biais de quelques vignettes façon bande dessinée.
Avec son action débridée et son style visuel unique, The Dishwasher est un petit bijou de beat'em all comme on n'en fait malheureusement plus beaucoup. Un constat qui vaut aussi pour sa difficulté d'un autre âge, qui risque de laisser pas mal de joueurs de côté. Soyez donc prévenu : The Dishwasher est un jeu qui se mérite, il faut savoir insister pour en goûter toute la saveur.