En 1989, Populous révolutionnait la stratégie vidéoludique en permettant à des millions de joueurs de devenir aussi puissants que des dieux. Vingt ans plus tard, le tout premier god game de l'histoire revient sur DS pour tenter de séduire une nouvelle génération. Divine surprise ou flop nostalgique ?
On pourra penser ce que l'on veut de Peter Molyneux, railler son égo démesuré, critiquer ses projets mégalomanes, il n'en demeure pas moins que ce génial game designer aura fait rêver toute une génération de joueurs en créant ce que l'on a coutume d'appeler aujourd'hui les god games. On lui doit notamment des perles du genre comme Powermonger, Dungeon Keeper ou Black & White. Mais à l'origine de ces hits, il y eut un titre culte qui était destiné à entrer au panthéon des jeux les plus innovants de ces dernières décennies : Populous. Pour la première fois, en effet, le joueur n'incarnait pas un simple personnage ni même un général ou un président ; il était Dieu lui-même ! Du haut de son nuage, il pouvait contempler une petite carte en 3D isométrique sur laquelle ses fidèles construisaient des maisons et se battaient pour lui. Il récompensait son peuple en lui offrant des terres fertiles. Il châtiait ses ennemis en déclenchant des tempêtes ou en élevant des colonnes de feu. Il combattait d'autres divinités pour affirmer sa suprématie aux quatre coins du monde. Bref, jamais le joueur n'avait pu étancher sa soif de pouvoir aussi efficacement qu'avec Populous !
Nous sommes aujourd'hui en 2009 et les god games se sont tellement perfectionnés et diversifié qu'on peut légitimement se demander si cette adaptation d'un titre paru vingt ans plus tôt a sa place sur DS. On répondra hélas par la négative même si l'on sent bien que les développeurs se sont efforcés de faire de leur mieux. L'interface, par exemple, se révèle étonnamment pratique pour modeler l'environnement et donner des ordres à nos fidèles. DS oblige, la totalité des tâches sont effectuées au stylet sur l'écran tactile transformé en zone de travail tandis que l'écran du haut est consacré à la vue traditionnelle en 3D isométrique. Il suffit de tirer un petit trait vers le haut pour élever les terres ou au contraire de tirer un trait vers le bas pour aplanir les montagnes. On ouvre les divers menus en touchant des icônes. On dispose également d'une mini-carte pour se téléporter où l'on veut. Au fond, mise à part la taille minuscule des raccourcis qui permettent de déclencher des miracles instantanément, l'ergonomie ne pose aucun problème.
En fait, le véritable souci vient du concept même de Populous. Révolutionnaire en 1989, son gameplay original a terriblement mal vieilli. Il faut dire qu'aplatir des kilomètres carrés de terrain à longueur de partie n'a plus grand chose d'excitant de nos jours. Pourtant, on devra invariablement en passer par là pour que nos fidèles construisent des bâtiments et commencent à remplir la jauge d'énergie psychique qui nous permet d'accomplir des miracles. Selon la divinité que l'on aura choisi e d'incarner parmi les cinq disponibles, on pourra ainsi faire trembler la terre, invoquer des tornades, ou déclencher de gigantesques raz de marée. Des désastres bien pratiques pour mettre à mal nos adversaires. On pourra aussi faire tomber la pluie ou faire pousser des fleurs pour réparer les dégâts infligés par les miracles de la divinité adverse. Cependant, bien que l'accomplissement de tels prodiges soit vraiment grisant dans un premier temps, on finira par s'en lasser assez rapidement.
D'autant que nos fidèles sont tellement stupides qu'on n'a aucune envie de leur donner des ordres. On a beau leur demander d'attaquer ou de se regrouper, ils passent leur temps à se balader bêtement sur la carte et à construire des châteaux dont on ne peut les déloger qu'en appuyant sur Y. Même les chefs ou les guerriers que l'on peut créer sont de vrais manchots. Impossible dans ces conditions d'élaborer une stratégie efficace si bien que la plupart du temps, on se contente d'aplanir le terrain et d'accomplir des miracles jusqu'à l'Armageddon finale qui détermine le vainqueur. Les fidèles des deux camps se regroupent alors au même endroit et le dernier survivant l'emporte. Quand on y pense, c'est assez dommage car il y avait une bonne quarantaine de défis et pas mal d'environnements à découvrir. Un mode Libre permet de créer ses propres parties. Le multijoueur peut accueillir jusqu'à quatre participants en réseau local. On trouve même des mini-jeux d'observation qui nous récompensent par des médailles. Mais au bout d'une dizaine de parties, le constat est clair, Populous n'est plus qu'un jeu de stratégie fade et répétitif. Si le joueur avait eu plus de contrôle sur son peuple et si le gameplay ne s'était pas résumé à accomplir cent fois les mêmes gestes, nous aurions sans doute pu accrocher davantage, la nostalgie aidant. En l'état, c'est plutôt l'amertume qui domine.
- Graphismes12/20
La zone de travail disposée sur l'écran tactile est un modèle de clarté et de lisibilité. En revanche, tout ce qui se passe sur l'écran du haut nous ramène des années en arrière et les jolies cinématiques qui annoncent les miracles peinent à faire oublier la piètre réalisation de ces derniers.
- Jouabilité11/20
Bien que les contrôles de cette version DS s'avèrent remarquablement intuitifs, le gameplay original de Populous a mal vieilli. Nos fidèles sont absolument stupides et les différentes tâches que l'on doit accomplir à longueur de parties sont beaucoup trop répétitives. Reste la satisfaction d'infliger les pires calamités à ses ennemis...
- Durée de vie13/20
Cinq divinités, une quarantaine de défis, des mini-jeux, un mode Libre, un mode multi... Le potentiel était là. Dommage que l'on se lasse aussi vite de dominer le monde.
- Bande son6/20
Les différentes ambiances sonores et les bruitages sont vraiment de piètre qualité. Au point d'en devenir parfois franchement insupportables.
- Scénario/
Il aurait peut-être mieux valu laisser Populous briller dans nos souvenirs plutôt que de nous rappeler combien ce titre majeur de l'histoire du jeu vidéo a mal vieilli en l'adaptant aujourd'hui sur DS. Malgré son interface bien pensée et son contenu généreux, cette version contemporaine se destine donc exclusivement aux nostalgiques incurables et aux fanatiques du genre.