Trauma Center nous fait un début d'hémorragie avec les sorties rapprochées du deuxième opus DS en import et de l'épisode New Blood en Europe. Ce dernier titre était d'autant plus attendu qu'il est pour l'instant le seul à autoriser les opérations chirurgicales en duo. Une expérience inédite qui relance l'intérêt de cette série dont la réputation n'est plus à faire.
Le monde de la médecine passe une fois encore entre les mains expertes du studio Atlus à l'occasion de la sortie de ce deuxième volet de Trauma Center sur Wii. A l'inverse de l'épisode Second Opinion qui se présentait comme un remake avoué du premier opus de la série, New Blood s'efforce de nous offrir un contenu totalement inédit et tirant judicieusement parti des possibilités de la Wii. Non content de s'inscrire dans un cadre narratif complètement nouveau, le soft intègre désormais la gestion d'un classement en ligne et autorise enfin les parties en coopération !
Bien qu'il s'inscrive de manière logique dans le contexte mis en place par les précédents volets de la série, Trauma Center : New Blood est un jeu qu'on n'hésitera pas à recommander aussi bien aux habitués qu'aux néophytes. Il y a d'ailleurs fort à parier que ce sont ces derniers qui apprécieront le plus l'expérience de jeu, car on trouve ici beaucoup de redites par rapport à ce qu'on avait déjà pu voir dans Under the Knife et Second Opinion. Si l'on retire l'effet de surprise généré par la découverte du concept original visant à mettre en scène des opérations chirurgicales mi-réalistes mi-fantaisistes, il ne reste plus que la pertinence des opérations inédites en elles-mêmes pour relancer l'intérêt du connaisseur. Et c'est justement là que Trauma Center : New Blood pourra décevoir, la plupart des missions proposées n'ayant rien de véritablement nouveau pour surprendre les fans de la première heure. Dans le même esprit, la narration, qui conserve toujours une place prédominante dans le déroulement du jeu, reste beaucoup trop sage pour justifier le temps consacré à la lecture des nombreux dialogues, trop souvent quelconques et prévisibles. De ce côté-là, il est clair qu'Atlus a encore pas mal d'améliorations à apporter pour éviter que la série ne finisse par tourner en rond.
La minute de déception étant passée, revenons à tout ce qui fait de Trauma Center : New Blood un titre d'exception. Dans les précédents volets, Derek Styles avait mené une lutte farouche contre une infection mortelle mise au point par l'homme : la TAC. Loin d'être totalement éradiqué, ce fléau a trouvé le moyen d'évoluer, chacune de ses mutations faisant partie de ce qu'on appellera cette fois le Stigma. Menant une vie tranquille dans un hôpital reculé en Alaska, deux chirurgiens vont être impliqués malgré eux dans une nouvelle lutte contre le virus Stigma. C'est donc aux côtés de Markus Vaughn et Valerie Blaylock que vous allez faire vos premiers pas dans le jeu, les opérations initiales faisant office de didacticiel pour permettre aux nouveaux venus d'assimiler les commandes de jeu. Rapidement appelés à rejoindre le prestigieux centre médical Caduceus, nos deux experts en chirurgie seront également confrontés à des situations dangereuses, remettant sur le tapis les délicates questions d'éthique et de morale. S'échelonnant sur sept chapitres comportant au moins cinq ou six interventions chirurgicales chacun, le soft s'inscrit dans la moyenne de la série côté durée de vie. Un peu court en ligne droite, le titre compte néanmoins parmi ceux qu'on a plaisir à ressortir de temps à autres, ne serait-ce que pour tester ses limites.
Le challenge, quant à lui, est optimal, dans le sens où le choix systématique du niveau de difficulté permet de rendre le jeu accessible à tous, en restant malgré tout redoutable dans les niveaux extrêmes relatifs aux opérations X. N'importe quelle mission réussie peut être rejouée librement par la suite, ce qui permet notamment d'améliorer ses scores pour tenter d'inscrire son nom dans le classement online. Après chaque briefing, vous devez désigner lequel des deux médecins vous souhaitez incarner, sachant qu'ils se distinguent uniquement par la façon dont ils utilisent leur main curatrice. Cette technique, présente depuis le premier volet de la série et également appelée "healing touch" ou don de guérir, permet de se sortir d'une situation critique en dessinant un pentacle à l'écran. Dans le cas de Markus, le temps est alors considérablement ralenti pendant quelques instants, ce qui permet par exemple de rétablir les signes vitaux du patient en urgence. Lorsque Valerie utilise les mains curatrices, le temps ne s'arrête pas mais la vie du patient se stabilise, vous donnant l'opportunité d'interagir avec ses blessures comme un boucher sans risque d'aggraver son cas. A vous donc de choisir le personnage le plus approprié à chaque opération, cette décision n'étant véritablement importante qu'à un ou deux endroits clés durant toute l'aventure.
Si, en dépit des mutations prises par le virus Stigma, le jeu peine à surprendre, on retrouve néanmoins tout ce qui a fait le succès de la série, à commencer par un gameplay impeccable. Le stylet de la DS était certes idéal pour jouer du scalpel, mais le pointeur de la Wiimote s'en sort presque aussi bien, et se rattrape surtout par la gestion intuitive et efficace de la bague d'outils. A l'instar de Second Opinion, le stick du Nunchuk permet de changer très rapidement d'instrument chirurgical pour raccourcir au maximum le temps de réaction. Aucun changement majeur n'est à noter dans l'utilisation de ces instruments, ces derniers étant les mêmes que précédemment (seringue, forceps, scalpel, sutures, gel antibiotique, drain, laser, loupe et ultrasons). On apprécie tout de même de pouvoir enfin se déplacer sur les différentes parties du corps du patient sans être obligé de dézoomer, très pratique lorsqu'on veut neutraliser des tumeurs et autres anévrismes qui pullulent dans cet épisode. D'une manière générale, la nature des opérations se veut réaliste et ne s'autorise des écarts fantaisistes que lorsqu'il est question du virus Stigma. Un choix sujet à polémique tant il semble évident que Trauma Center n'ira jamais aussi loin qu'un Blackjack dans l'originalité des opérations.
Terminons par l'aspect le plus attirant de cet opus, celui qui justifie à lui seul l'achat du soft et dont on aura bien du mal à se passer dans les volets ultérieurs : le mode coopératif. Effectuer les opérations chirurgicales en duo est désormais possible, chaque joueur interagissant en simultané sur le corps du patient. Les deux bagues d'outils permettent à chacun d'évoluer de manière totalement indépendante, une bonne entente étant évidemment préférable pour éviter de se mettre inutilement des bâtons dans les roues. Cette option apporte la touche de convivialité qui manquait à la série, les opérations pouvant même être effectuées deux fois plus rapidement et facilement qu'en solo. Du coup, on regrette que la majorité des missions soient réduites à seulement cinq minutes, le mode Normal étant déjà trop simple pour maintenir une tension palpable tout au long du jeu. Le seul élément qui se complique à deux réside dans les massages cardiaques et dans l'utilisation du défibrillateur qui requièrent une coordination parfaite de la part des deux joueurs. Il serait dommage, en tout cas, de découvrir ce titre sans profiter de cette nouvelle option qui optimise de manière évidente le plaisir de jeu. Mis l'un dans l'autre, tous ces éléments font de Trauma Center : New Blood un titre incontournable qui mérite sa place dans n'importe quelle ludothèque.
- Graphismes16/20
Le lifting graphique ayant déjà été opéré dans Trauma Center : Second Opinion, New Blood se contente de conserver le même rendu visuel en introduisant un éventail de personnages inédits dans la série.
- Jouabilité17/20
Bien que le pointeur de la Wiimote ne remplace pas complètement la précision chirurgicale du stylet de la DS, le gameplay reste optimal et profite de la bague d'outils associée au stick du Nunchuk pour rendre les interactions rapides et intuitives. En coopération, l'expérience de jeu est encore meilleure à condition de faire preuve de cohésion.
- Durée de vie14/20
Sept chapitres pour une quarantaine d'opérations inédites. Le challenge est adapté à tous les publics, néophytes comme joueurs confirmés, grâce au choix des modes de difficulté et aux opérations X toujours aussi redoutables. La présence d'un classement online motive à partir en quête du high-score.
- Bande son15/20
Les musiques s'adaptent au ton donné par l'histoire, l'ambiance sonore étant convaincante sans pour autant se faire remarquer plus que ça. Tous les dialogues sont doublés en anglais et traduits en français.
- Scénario14/20
Toujours très sage et presque trop sérieux, le scénario ne s'autorise quelques fantaisies que lorsqu'il est question du virus Stigma. Atlus semble vouloir conserver au maximum le côté réaliste de la série, chose que certains regretteront.
Rassemblant le meilleur de ce qu'on peut trouver dans un Trauma Center, l'épisode New Blood pourrait bien être la révélation pour les joueurs n'ayant jamais tenté l'expérience offerte par la série d'Atlus. Les autres regretteront le manque de renouveau dans les opérations et la trop grande retenue du scénario qui a tout de même le mérite d'être inédit. Pouvoir enfin jouer à Trauma Center en coopération n'en reste pas moins une opportunité unique à saisir.