Popularisé par Rasé de Près, le troisième Wallace et Gromit, un des innombrables chefs-d'oeuvre des studios Aardman, Shaun, l'ingénieux et irrésistible piti mouton, se présente aujourd'hui comme la vedette d'un jeu vidéo lui étant entièrement dédié. En voilà une idée qu'elle est bonne même si au demeurant, les adaptations vidéoludiques de l'univers d'Aardman n'ont jamais brillé par leurs qualités.
Si vous aimez la pâte à modeler et l'animation, vous êtes forcément tout entier acquis à la cause de Nick Park, le créateur de Wallace et Gromit qui en quelques films a réussi à imposer un style, un humour rafraîchissant, une vraie mise en situation et une qualité d'écriture irréprochable. Pas étonnant donc que les créations de Park aient rassemblé un immense parterre de fans allant de 7 à 77 ans. Pourtant, Shaun le Mouton est avant toute chose un titre destiné à de très jeunes joueurs, ce qui a souvent le mérite d'attiser la méfiance. Malheureusement, dans le cas présent, ladite méfiance se transforme rapidement en dépit vu qu'il ne vous faudra pas plus de deux heures pour faire le tour de cette cartouche faisant office de bien belle arnaque.
En tout premier lieu, ne vous attendez pas à retrouver le côté désopilant de Wallace et Gromit. On a beau nous rappeler au verso de la boîte que nous avons affaire à une aventure mêêêrveilleuse, un jeu complètement fou aussi drôle que le dessin animé (qui au passage n'en est pas un vu qu'il s'agit d'animation image par image !), on restera sceptique en parcourant le menu principal. En effet, nous n'y trouvons qu'un mode Mini jeux, Histoire et une galerie pour reluquer quelques visuels à débloquer. Bon, tant pis, je dis banco ! Lançons-nous donc dans l'aventure principale. Celle-ci se déroule à l'intérieur d'une ferme où sont cachés une quinzaine de moutons. Votre but va être de tous les récupérer en utilisant divers objets que vous trouverez ici et là. En sus, s'il s'agit simplement par moments d'interagir avec un élément du décor pour découvrir un de vos congénères, il faudra parfois passer par un mini-jeu pour retrouver un de vos cachottiers compagnons. Le problème est que les mini-jeux ne sont nullement synonymes de challenges vu que dans le meilleur des cas, on a largement le temps de faire ce qu'on doit faire et dans le pire, il n'y a même pas de limite de temps. Que penser alors de l'épreuve où on doit mettre la bonne clé dans une serrure ? Absolument aucun intérêt vu qu'on peut toutes les essayer avant de trouver celle qui correspond. Dans le même état d'esprit, vous ne serez jamais bloqués puisqu'on vous indiquera le plus souvent où aller, quel objet prendre et où l'utiliser. Au final, le plus difficile se résumera à trouver la meilleure idée (parmi un choix restreint) pour passer certains obstacles. Finalement, on se demande quel est l'intérêt de ce mode si ce n'est gonfler quelque peu la durée de vie du soft.
En somme, après avoir bouclé le mode Histoire en moins de deux heures, vous pourrez retrouver les huit mini-jeux dans la partie associée. Mais ici aussi, rien de spectaculaire. Un tape-taupes (où vous devrez sortir les taupes des terriers en soufflant dans le micro), un shampouinage de moutons, un épreuve nous demandant de rentrer des moutons dans un enclos, une sorte de Pac-Man, un mouton-canon, etc. Le hic est qu'aucun mode multijoueur n'a été prévu. Aïe, aïe, aïe, décidément, on a beau essayer d'être tolérant, d'aimer l'univers du jeu, comment légitimer un tel naufrage ? D'ailleurs on regrettera aussi l'absence de Wallace et Gromit, même en tant que guest stars. Et comme pour porter l'estocade, D3 Pusblisher a eu la bonne idée de vendre le tout 40 euros ce qui est bien trop cher pour un titre même destiné à un très jeune public. Bref, si vous ne voulez pas vous sentir floué, allez plutôt acheter à vos chères têtes blondes l'intégral de l'inventeur fou et de son génial compagnon à quatre pattes. Nul doute que vous passerez un excellent moment en famille et que votre rejeton ne vous en voudra pas jusqu'à la fin de ses jours de lui avoir offert Shaun le Mouton alors qu'il attendait fébrilement Dementium : L'Asile.
- Graphismes9/20
Le style des studios Aardman passe plutôt bien mais si la modélisation de Shaun est correcte tout le reste est une vraie pantalonnade. Décors minimalistes, aucune scène vidéo ici remplacé par des images fixes, représentation simpliste des mini-jeux...
- Jouabilité12/20
La jouabilité n'est pas mauvaise en soi et utilise les fonctions tactiles ainsi que le microphone de la portable de Nintendo. Maintenant, le gameplay est beaucoup trop simpliste pour susciter un véritable intérêt de la part des joueurs.
- Durée de vie8/20
Le mode Histoire ne vous réclamera même pas deux heures de votre temps et les huit mini-jeux peu intéressants, et parfois trop longs, ne sont même pas jouables en multi. Autant dire que vous n'aurez pas le temps d'insérer votre cartouche dans votre console que vous aurez déjà terminé Shaun le Mouton.
- Bande son6/20
Des bruitages peu nombreux, un peu grésillants et un ou deux thèmes musicaux tournant en boucle. Franck Michael, sauve-nous !
- Scénario/
Clairement destiné à un jeune public, Shaun le Mouton ne parvient pas à restituer l'ambiance si fabuleuse de Wallace & Gromit. Tout sauf drôle, se survolant en un peu plus de deux heures mais vendu 40 euros, voici un bel exemple d'opportunisme. Misant sur un gameplay limité, un concept d'un vide abyssal et une absence totale de challenge, les développeurs n'ont même pas cru bon d'y rajouter du multijoueur. De quoi bêêêler d'ennui.