Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est huit mois après le film et dix mois après les premières adaptations que la mouture Xbox 360 de Asterix aux Jeux Olympiques nous arrive. Façonné avec amour par les spécialistes en gauloiseries d'Etranges Libellules, le titre propose une aventure haute en couleur où se mêlent mini-jeux hilarants, mandales boostées à la potion magique et petites énigmes rigolotes à résoudre de préférence à deux, en coopération.
Quel plaisir que de retrouver nos Laurel et Hardy nationaux (sans oublier la fidèle boule de poils nommée Idéfix) dans de toutes nouvelles pérégrinations vidéoludiques. Et cette fois, il s'agira de démêler une situation extrêmement épineuse. Astérix et son compère bedonnant se retrouvent effectivement forcés de participer aux Jeux Olympiques pour aider leur ami Alafolix à épouser la princesse Irina, le tout en empêchant l'immonde Brutus (incarné à l'écran par Benoît Poelvoorde) de mettre à exécution ses plans destructeurs. Et pas du genre à se contenter d'une adaptation pure et dure du film, les développeurs d'Astérix aux J.O. ont encore une fois tenté de s'approprier l'univers d'Uderzo et Goscinny. De fait, le scénario du jeu, même s'il reprend bien évidemment l'intrigue commune au film et à la Bd, mélange sans la moindre gêne tous les supports et tous ces univers : le cinéma, l'encre et le papier et les pixels.
Car voyez-vous Brutus, au moyen d'un artefact magique, est devenu capable de naviguer entre les pages de la bande dessinée, la pellicule du film et les lignes de codes du jeu : l'idéal pour recruter une armée hétéroclite de légionnaires et tenter de détrôner son père, Jules César. L'ennui, c'est que ses fréquents allers-retours vont finir par détraquer tous les mondes en question. Et seuls les courageux Gaulois seront à même de sauver les meubles et de restaurer l'ordre naturel des choses dans tout ce bazar interdimensionnel. Les libellules ont donc cherché à en rajouter une bonne couche supplémentaire au scénario original, sans toutefois le dénaturer. Et on ne sera donc pas trop surpris de se retrouver confronté à des situations loufoques dans lesquelles on devra coller des baffes à des ennemis aux styles graphiques distincts, car issus d'univers différents. On découvrira même quelques cinématiques mélangeant joyeusement personnages 3D, personnages en papier issus des vignettes de la Bd et vrais acteurs. Des séquences spéciales ont même été tournées spécifiquement pour le jeu, avec un Benoît Poelvoorde ronchon mais brillant. Et rassurez-vous, les développeurs sont parvenus à tout intégrer au jeu, sans le moindre accroc et en maintenant toujours une certaine cohérence.
Les développeurs justement, fidèles à leurs habitudes, ont même pu profiter de ce contexte pour insérer quelques saynètes délirantes, comme ce passage dans lequel Astérix prend des airs de Zidane. Entre mimiques adorables et rigolotes, commentaires débiles d'un Obélix aussi aiguisé qu'un menhir de premier choix, parcourir les niveaux sera un vrai plaisir pour les petits, et même les plus grands. Mais parlons maintenant du contenu en lui-même. Le jeu comprend deux modes de jeu : le mode Histoire et le mode Olympique. En choisissant de débuter le mode Histoire, vous en serez pour 9 chapitres où se mêlent allègrement sessions d'exploration, énigmes pas bien compliquées mais souvent rigolotes et bastons énergiques. Les Gaulois (entre lesquels on pourra switcher à la moindre pression d'un bouton) disposent d'ailleurs d'une bonne petite palette de coups qu'on pourra étoffer en récoltant des casques romains présents dans le mobilier (qu'on explosera donc sans aucun remords) et bien évidemment sur la caboche des légionnaires imprudents qui croiseront votre route. Ces derniers se montrent d'ailleurs particulièrement idiots et ne résisteront pas très longtemps à une pluie de mandales. Comme souvent, leur seule force réside dans leur nombre, plutôt élevé. Régulièrement, on sera tout de même obligé de ne massacrer que les légionnaires arborant une couleur précise, afin de déclencher des mécanismes. Ces mini-jeux, assez récurrents sont un vrai délice en coopération puisqu'ils nécessiteront une bonne coordination entre les deux participants.
Car c'est un fait, le soft fonctionne intégralement sur le principe de complémentarité entre Astérix et Obélix (sans oublier Idéfix), qui dans la résolution d'énigmes ou dans les combats, devront s'unir pour progresser. Si en solo, l'I.A., très convenable, prend selon le cas le contrôle d'Astérix ou Obélix, on aura surtout plaisir à faire intervenir un pote de chair et de sang. La caméra sera alors partagée (un peu à la manière de Lego Star Wars) et on ne se retrouvera donc pas à plisser les yeux pour espérer discerner quelque chose sur un petit écran de télé soudainement coupé en deux. Mais ceux qui ont déjà goûté aux joies de la coopération dans telles conditions sauront qu'il n'est guère aisé de se contenter d'une seule et unique caméra, surtout lorsque les deux joueurs tentent d'aller dans des directions opposées, tous deux convaincus de détenir la clé d'une énigme. Les développeurs ont donc contourné le problème en permettant aux joueurs de se séparer et tout simplement, de se passer la caméra à la simple pression d'un bouton. Encore fallait-il y penser. Ce système, unique en son genre, fonctionne très correctement et offre de multiples possibilités en terme de gameplay. Pour profiter de ce système, il faudra néanmoins une bonne entente entre les participants, mais nul doute que le petit frère chamailleur fera, pour une fois, preuve de discipline afin de profiter de l'aventure.
Quoi qu'il en soit, le titre joue beaucoup de ce système et vous incite régulièrement à vous séparer pour déclencher des mécanismes. Seul souci, le fait qu'un des deux joueurs devra parfois patienter quelques minutes sans faire grand-chose, pendant que l'autre joueur s'escrime à escalader un mur par exemple. Mais dans l'ensemble, chaque héros intervient dans les mêmes proportions et l'aventure se montre plutôt équilibrée. Bon, on n'évitera pas quelques petits problèmes d'angles de vue et quelques moments de solitude lorsque la caméra ne vous montre pas clairement ce qui se passe à l'écran, mais rien de foncièrement rédhibitoire, puisque le jeu est tout de même très accessible. Mais attendez une minute ! Je n'ai toujours pas parlé de la dizaine d'épreuves olympiques auxquelles on devra participer. Présentées sous la forme de mini-jeux, et accessibles à partir du menu principal une fois qu'on les aura débloquées dans l'aventure, ces mini-jeux se montrent très divertissants dans la grande majorité. On se retrouve ainsi avec un mélange hétéroclite de disciplines conventionnelles comme le 100 mètres, le tir à la corde ou le lancer de javelot et de trouvailles farfelues comme la taille de menhirs, le massacre de légionnaires ou le crapoballe (mélange de ballon prisonnier, de foot et de volley).
Très humoristiques, profitant de contrôles réactifs et parfois originaux, ces mini-jeux apportent un plus indéniable à l'aventure, qui se bouclera malheureusement trop vite. On regrettera cependant de ne pouvoir les pratiquer qu'à 2. Sur Xbox 360, les mouvements du combo Wiimote/Nunchuk de la version Wii sont remplacés par des combinaisons de touches et/ou de gestes précis à effectuer avec les sticks. Le résultat, même si très convenable, est tout de même bien moins agréable que l'épuisante gestuelle imposée par la console de Nintendo. Au fond, Astérix Aux Jeux Olympiques est un titre développé en premier lieu pour la Wii, et cela se sent. Et si vous avez le choix des versions, nous vous recommandons chaudement de privilégier cette dernière. Cela dit, il est évident que c'est la version Xbox 360 qui propose les meilleurs graphismes. L'univers coloré et très vivant d'Astérix et Obélix y est logiquement plus beau. Attention, ce n'est pas à dire que les autres versions sont décevantes, loin de là.
En bref, Astérix Aux Jeux Olympiques est un petit bol d'air frais. Drôle, attachant et bien fichu, il séduira sans peine les petits, et sans doute aussi les grands, même si la facilité et la relative brièveté de l'aventure risquent peut-être d'agir comme un frein pour ces derniers. Le titre d'Etranges Libellules vaut surtout par son mode coopération intelligent, ainsi que ses mini-jeux plaisants et bien construits. Une très bonne pioche.
- Graphismes15/20
Des décors colorés foisonnants de détails, une modélisation exemplaire et une animation de grande classe s'allient pour constituer un fort joli tableau. L'univers des Gaulois a été manifestement reproduit par des amoureux, et cela se sent.
- Jouabilité15/20
Plaisant en solo, le titre est un régal en coopération. Savant mélange d'énigmes, de plates-formes, de combats et de mini-jeux débiles, le titre varie les plaisirs et n'abuse pas trop des mêmes ficelles. Le soft se montre également très jouable et facile à prendre en main, et ce malgré quelques petits soucis de caméra. On pourra même réaliser quelques combos bien violents et envoyer du légionnaire sur Pluton avec une facilité déconcertante, et ça, c'est tout de même chouette.
- Durée de vie14/20
L'aventure est un peu courte, surtout si on la traverse en compagnie d'un pote conciliant, voire docile. Mais on pourra toujours se rabattre sur la dizaine de mini-jeux olympiques pour prolonger l'expérience.
- Bande son16/20
Les musiques de cartoon aux forts relents de péplum collent très bien à l'univers. Mais on appréciera surtout à entendre les voix des acteurs dans la bouche des personnages. Un vrai plaisir.
- Scénario15/20
Une histoire tout aussi délirante qu'attachante. Le mélange des univers est une vraie réussite et on appréciera le travail des scénaristes qui ne se sont pas contentés de recracher une histoire imposée sous la forme d'un beat'em all insipide.
Retour gagnant pour Astérix et Obélix qui livrent ici une de leurs meilleures aventures. Avec son gameplay accessible et son humour décapant, son statut hybride de jeu d'aventure et de party-game, le soft d'Etranges Libellules contentera sans peine petits et grands. On préférera cependant la version Wii, plus agréable à pratiquer à la Wiimote et au Nunchuk, mais la version Xbox 360 ne démérite pas pour autant, ne serait-ce que par sa réalisation, logiquement supérieure.