Première incursion revendiquée d'EA dans le monde des GTA-like, l'opus précédent du Parrain sorti il y a deux ans n'avait pas réussi à soulever un enthousiasme sans retenue parmi les testeurs de tout horizon. La faute à quelques défauts très handicapants sans doute dus à un développement raccourci, notamment à un clipping qui faisait apparaître les éléments du décor - buildings et voitures - à partir du moment où on avait pratiquement le nez dessus. Malgré des avis en demi-teinte dans la presse, ce titre multi plates-formes avait su trouver son public et s'était particulièrement bien vendu sur PS2. En conséquence, quoi de plus normal pour EA de décider de lui donner une suite ? Dont acte avec Le Parrain II auquel nous avons pu jeter un premier coup d'oeil plutôt enthousiasmant.

L'intrigue de cette suite se cale sur celle du deuxième film de la saga. Toutefois, que les fans ne s'attendent pas à retrouver tout le pan du film consacré à la jeunesse de Don Vito campé par Robert De Niro. Dans le jeu, il est uniquement question d'incarner Dominic, un capo de Michael Corleone qui doit veiller à étendre l'empire de la famille dans trois villes différentes : New-York, Miami et Cuba. Michael lui-même ne fait pas d'apparition dans le jeu pour deux raisons. Tout d'abord, Al Pacino qui l'interprète dans le film n'a toujours pas changé d'avis sur son éventuelle participation à des jeux vidéo : c'est non. Alors, pour justifier l'absence du personnage principal du Parrain II dans le jeu éponyme, les développeurs ont imaginé que, durant toute la durée du jeu, il serait à Washington, occupé à comparaître devant une commission chargée de faire le point sur les agissements de la Mafia aux Etats-Unis.

Vous l'aurez compris, la première grosse différence entre les deux volets du parrain en jeu vidéo tiendra à la mentalité du personnage qu'on dirigera. Ainsi au débutant fraîchement entré dans la famille du premier opus succède un "affranchi", un lieutenant qui a fait ses preuves depuis longtemps et auquel Michael Corleone peut laisser les clés de la boutique en toute confiance. Comme le précisait Hunter Smith, le producteur du jeu, durant sa présentation : "Notre volonté première était de pousser le joueur à raisonner comme un Don.". Et, partant de ce postulat, les créateurs ont choisi un principe de jeu qui ferait autant de place à la stratégie qu'à l'action à la GTA.

Les villes qu'il va s'agir de contrôler renferment des lieux générateurs de finances : des usines qui servent de couverture au trafic d'armes, des garages dans lesquels on maquille les voitures plus qu'on ne les répare, des boîtes de nuit, etc. Les cinq familles présentes dans le jeu, dont la vôtre, se livrent une lutte sans merci pour faire main basse sur la totalité de ces endroits. Et chacune de vos actions appelant une réaction de vos adversaires, il faut ne pas mettre ses oeufs dans le même panier ou, si vous préférez, ne pas cantonner tous ces hommes à la protection d'un seul endroit. Petit à petit l'argent rentre, ce qui permet d'engager d'autres hommes et, ainsi, de rendre ses propriétés imprenables. Précisons que les situations de monopole octroieront des bonus très intéressants à votre famille. Si, par exemple, vous tenez tout le réseau du trafic d'armes sur une ville, vos hommes et vous-même disposerez automatiquement de gilets pare-balles. Mais attention, il suffit de perdre un endroit pour que cet avantage vous soit retiré, ce qui au beau milieu d'une fusillade aura de quoi surprendre.

La partie stratégique du jeu, celle qu'on pourra gérer entièrement sur une carte comme un vrai Don, regroupera de nombreux éléments qui en augmenteront la complexité. Par exemple, vos lieutenants seront plus efficaces que les hommes de main traditionnels mais ils seront également spécialisés dans le maniement de certaines armes et il faudra veiller à bien utiliser l'homme de la situation. Envoyer un sniper plutôt qu'un artificier pour détruire un bâtiment sera par exemple complètement absurde. En revanche, remplacer un mitrailleur par un mafieux ayant des notions de premiers secours pourra s'avérer salvateur. Et si la situation exige de tabasser quelqu'un pour l'impressionner mais pas de le tuer, il vaudra mieux compter un pugiliste dans les rangs. Soit, celui-ci n'est guère efficace durant la phase d'assaut. Mais il deviendra indispensable au moment de convaincre un patron de se placer sous votre protection ou pour persuader les éventuels témoins que, non, ils n'ont rien vu. Les candidats prêts à devenir vos soldats auront également leur historique : celui qui n'a jamais eu de démêlé avec la loi ou celui qui force un peu trop sur la bouteille. Tous ces éléments auront une influence sur leur comportement sur le terrain, ainsi que sur la gestion de l'arsenal dont ils disposeront et qui sera entièrement laissée à la discrétion du joueur. A tout cela s'ajouteront également les relations avec les autorités de la ville. Avoir un maire ou un procureur dans sa poche, cela peut servir. Mais comme on n'a rien sans rien, il faudra tout d'abord rendre service à ces huiles avant de pouvoir leur demander d'arrondir les angles en cas de coup dur. Donc, il sera possible de jouer et de terminer la partie en restant virtuellement les fesses vissées dans son fauteuil en cuir rouge, bien à l'abri dans la fraîche pénombre de son bureau. Mais on pourra également choisir de prendre une part plus active au combat et de faire profiter les hommes envoyés sur le terrain de sa présence et de son efficacité.

Dans ce mode, Le Parrain II prendra l'aspect d'un GTA, avec une vue à la troisième personne sur le personnage qu'on dirigera. Histoire de faciliter la tâche du joueur, les développeurs ont fait en sorte que les hommes de main qui l'accompagnent calquent leur attitude sur celle de leur chef. Personne ne dégaine si vous attaquez aux poings et, dès que vous sortez une arme à feu, c'est Alamo. Un même problème aura plusieurs solutions. Ainsi, selon les renseignements que vous aurez obtenus avant une attaque sur une usine, vous pourrez choisir de vous lancer à l'assaut de la grille principale ou de passer par l'arrière et de découper un grillage pour entrer. Dans le deuxième cas, vous profiterez d'un effet de surprise important dans la mesure où, si un des ouvriers de l'usine ou l'un des hommes de main de la bande adverse parvient à atteindre un téléphone, les renforts ou la police ne tarderont pas à débarquer. Vous l'aurez compris, Le Parrain II foisonne de détails que nous n'avons pu que survoler durant cette première vision. La technique et notamment le rendu graphique, ne sont pas en reste même si, pour l'instant, nous tenons à émettre une certaine réserve quant à la manière de se déplacer des personnages que nous avons trouvée assez peu convaincante. On ne peut qu'espérer que ce point soit amélioré pour se hisser à la hauteur d'autres postes comme les explosions, les textures ou encore la modélisation des véhicules. Pour finir, précisons que ce jeu apparemment énorme par son contenu en solo proposera également du multijoueur dont un mode très intéressant dans lequel on affrontera les autres connectés avec les ressources (argent, hommes...) glanées en solo.