Marvel Comics Group est-il encore un éditeur de comics ? La question est légitime dans la mesure où cette société américaine qui détient les droits de personnages comme Iron Man, Les 4 Fantastiques et, donc, Spider-Man -pour ne citer qu'eux- semble s'intéresser énormément à d'autres médias que la bande dessinée. Les nombreuses adaptations au cinéma, en dessin animé ou en jeux vidéo sont autant de preuves flagrantes de ce recentrage. Car s'il s'agit d'un élargissement de l'activité, il faut aussi savoir que l'argent généré sert de béquille à la production bd de Marvel qui est touchée de plein fouet par une crise générale et durable. Nouveau mouvement de cette tendance : l'arrivée prochaine de Spider-Man : Le Règne des Ombres, un titre tournant autour du super-héros éponyme et qui proposera une histoire inédite qui aura un impact réel sur l'univers du tisseur. De ce qui nous a déjà été confié par les développeurs de Treyarch venus à l'événement organisé par Activision pour montrer ce titre et d'autres à la presse, Spider-Man : Le Règne des Ombres devrait avoir des répercutions sur le comics. Il faudra donc le considérer non pas comme une adaptation en jeu vidéo des aventures de l'Araignée mais comme un épisode à part entière de la saga de l'alter ego de Peter Parker.

Niveau scénario, c'est du lourd. En effet, l'histoire du Regne des Ombres mettra en vedette le petit préféré des fanboys de Spider-Man : le symbiote. Pour ceux qui l'ignorent, rappelons que cet être multiforme d'origine extra-terrestre avait constitué le gros du propos du dernier long métrage en date. C'est cette espèce d'ectoplasme huileux qui, après avoir été rejeté par Spider-Man dont il remplaçait le traditionnel costume bleu et rouge s'était acoquiné avec Eddie Brock pour devenir Venom. Très ambitieux, les scénaristes du Règne des Ombres ont imaginé qu'une colonie de symbiotes arrive sur Terre à la suite de leur congénère. Et bien entendu, ils débarquent via la ville que tous les extra-terrestres visitent toujours quand ils passent par chez nous : New York. Avec des milliers de symbiotes qui métamorphosent les habitants de la Grosse Pomme en zombis sous leurs ordres, la situation empire très vite. En réaction, le S.H.I.E.L.D. (organisation d'agents secrets made in Marvel) décrète la loi martiale. De leur côté, les "super-quelques choses" s'organisent. Ils se scindent en deux groupes en fonction de leur appartenance à un côté de la barrière. Les super-héros rallient Luke Cage tandis que le Kingpin (alias Le Caïd, chef de la pègre ennemi de Spider-Man et de Daredevil) rassemble les super-vilains autour de lui.

Et Spider-Man dans tout ça ? Eh bien il nous proposera deux façons disctinctes de jouer en fonction du costume qu'il portera. D'un côté la tenue bleue et rouge offrira de favoriser l'acrobatie et la furtivité. Bref, dans ses couleurs d'origine, Spider-Man sera le personnage très sympathique venu en droite ligne des années soixante, soixante-dix quand Steve Ditko ou John Romita le dessinaient. Mais dès qu'il endossera le costume noir, reflet de ce que donnait le symbiote quand il le recouvrait, Peter Parker deviendra un Spider-Man plus brutal, plus fort et plus résistant. Là, on s'approchera davantage de ce qu'était devenu le personnage dans les années quatre-vingt-dix sous les plumes de Todd McFarlane ou Mark Bagley. L'idée, vous l'aurez compris, tiendra essentiellement à proposer aux joueurs un style qui s'adaptera mieux à leur façon d'appréhender la partie. Mais cela aura aussi, nous promet-on, des répercutions sur la partie. En effet, les habitants de New York devraient se montrer plus ouverts envers le Spider-Man en bleu et rouge alors que le costume noir les rendra beaucoup plus nerveux. Sur ce point, c'est tout ce que l'on sait pour l'instant.

Comme il se doit, cette première présentation a été l'occasion de nous montrer la bête en action. La filiation avec les opus précédents des aventures du monte-en-l'air est flagrante. A priori, il restait encore quelques imperfections comme des textures absentes ou, nettement plus dérangeant, le fait que Spider-Man courait sur les façades des immeubles à l'équerre, comme il l'aurait fait sur un trottoir. Pas très réaliste mais sans doute en attente de finalisation... A côté de ces détails, quelques points essentiels ressortent de ce galop d'essai. Citons tout d'abord l'arrivée de combats contre des ennemis aériens qui pourront entraîner Spider-Man à des dizaines de mètres au-dessus des toits des gratte-ciel de New York. Passant d'un adversaire à l'autre grâce à sa toile, le héros leur servira les nouveaux coups spéciaux que le joueur aura déverrouillés en fonction de ses réussites. La liberté d'action revendiquée par les développeurs semble bien être au rendez-vous. Autre point important : la grande latitude dont disposent les créateurs de ce jeu. Précisément, Spider-Man : Le Règne des Ombres proposera de nouvelles versions des ennemis attitrés de l'Araignée. Dont acte avec Le Vautour aperçu lors de cette démonstration. Son costume, totalement inédit, recèle quelques surprises pour Spider-Man, par exemple le fait que ses ailes soient constituées d'épées qu'il peut projeter sur son ennemi de toujours. Enfin, chacune des actions que le joueur entreprendra aura des conséquences sur la suite des événements. Gageons que le système des deux costumes -et donc la façon de jouer de chacun- décrit plus haut jouera un rôle important à ce niveau. En tout cas, les développeurs paraissent avoir poussé le raisonnement à fond puisqu'ils annoncent d'ores et déjà plusieurs fins possibles. Dans l'ensemble Spider-Man : Le Règne des Ombres s'annonce donc comme un projet très ambitieux destiné à toutes les plates-formes de jeu actuellement en activité. Et bien que cela ressemble à s'y méprendre à une formule toute faite, on sent bien qu'il pourrait rassembler devant l'écran tous les fans de Spider-Man, les lecteurs du comics comme les joueurs.