Vous en avez marre de jouer les preux chevaliers sauveurs de princesses, défendant la veuve et l'orphelin ? Assez d'incarner les héros protégeant l'humanité d'une énième menace, tel Bruce Willis dans une bonne moitié de sa filmographie ? Alors Overlord est fait pour vous. Une fois n'est pas coutume, ce jeu d'action nous met du côté obscur, celui des mauvais, des méchants, pour qui le Mal est un art de vivre. En nous plaçant à la tête d'un seigneur du chaos et de sa horde de larbins malfaisants, Overlord inverse l'ordre habituel des choses, pour notre plus grand plaisir.
Peu de titres osent permuter les rôles comme le fait Overlord. Il y a bien eu quelques tentatives par le passé, comme Evil Genius, jeu de gestion dans lequel on incarnait un vilain digne d'un James Bond, construisant une base dans le but évident de conquérir le monde. Sans oublier le mètre-étalon du genre, Dungeon Keeper, véritable ode à la méchanceté avec ses couloirs truffés de pièges retors destinés à occire les valeureux héros. Mais les jeux qui permettent d'être du côté sombre demeurent assez rares. C'est pourquoi notre curiosité était à son comble lorsque Overlord était sorti sur PC et Xbox 360 l'année dernière. En effet, ce titre atypique nous met dans la peau d'un prince des ténèbres (l'Overlord), à la tête d'une armée de larbins chahuteurs fortement inspirés des Gremlins. Leur but est évidemment de corrompre le monde pour le rendre un peu moins gai. Car, horreur, la joie règne dans univers heroïc-fantasy d'Overlord. Les moutons gambadent allègrement dans les prairies fleuries, sous un soleil radieux... Il va donc falloir mettre un peu de chaos dans cette béatitude ambiante.
Pour cela, Overlord emprunte à plusieurs genres, ce qui lui confère une variété d'actions très agréable. Le jeu ressemble d'abord à un beat'em all avec une louche de jeu de rôle lorsqu'on contrôle l'Overlord. Il dispose d'armes et de pouvoirs magiques et peut donc affronter lui-même les menaces qui se dressent sur son chemin. Mais quel seigneur digne de ce nom s'abaisserait à accomplir en personne les plus basses besognes ? C'est là qu'interviennent les larbins, qui sont véritablement au coeur du gameplay. On peut faire appel à leurs services pour diverses choses : débloquer un passage, manoeuvrer un mécanisme, se sacrifier pour redonner de la vie au héros, et bien sûr combattre. C'est un vrai régal de les envoyer tout dévaster d'un simple coup de stick droit. Ils détruisent presque tout sur leur passage (merci le moteur physique), ils boivent, ils pillent aussi, s'équipant de ce qui leur tombe sous la main comme autant d'armes de fortune. Il faut les voir se mettre un morceau de citrouille sur la tête en guise de casque ! Car Overlord ne se prend pas au sérieux, et c'est assurément un des points forts du titre. L'univers est parodique, avec de nombreuses références et des répliques souvent savoureuses. Bref, l'humour est omniprésent et l'ambiance parfois carrément jouissive, n'ayons pas peur des mots. Quel plaisir de voir le bouffon faire ses pitreries, d'entendre les larbins susurrer des "pour le maaaîîîître !". A ce propos, mention très bien au doublage français, totalement dans l'esprit.
Au fil de la progression, d'autres sortes de larbins vont venir s'ajouter à notre horde sans cesse grossissante. Les rouges sont les experts en pyromanie. Ils peuvent franchir la lave ou les flammes sans encombre, très utile pour aller récupérer certains items. Mais ils peuvent également attaquer les ennemis à distance en leur lançant du feu. Les larbins verts sont eux spécialisés dans les vapeurs toxiques, tandis que les bleus seront les compagnons idéaux en zone aquatique. Il faut donc basculer entre les différents groupes selon les besoins. Le déroulement du jeu est d'ailleurs cloisonné avec des environnements qui s'ouvrent progressivement en fonction des types de larbins trouvés. Le jeu évite cependant l'écueil de la linéarité en proposant plusieurs quêtes à accomplir dans l'ordre désiré. Et entre les missions, on pourra toujours retourner au château pour l'embellir avec l'or récolté ou acquérir de nouvelles armes. Bref, il y a de quoi faire dans Overlord.
Tout cela, nous l'avions déjà constaté au moment de la sortie du titre sur PC et Xbox 360 l'été passé. Si cette version PS3 reprend l'intégralité du jeu de base, elle ne se contente pas de le copier-coller tel quel mais en profite au contraire pour lui apporter quelques améliorations. On apprécie notamment l'ajout d'une mini-carte sur le coin inférieur gauche de l'écran, très utile pour se repérer. Les joueurs déçus par la trop grande facilité d'Overlord se réjouiront quant à eux de la présence d'un nouveau mode de difficulté, baptisé "légendaire", qui devrait donner du fil à retordre à tous ceux qui sont déjà passés maîtres dans l'art de la destruction. Enfin, les plus observateurs auront probablement noté que le jeu a gagné un sous-titre à l'occasion de son passage sur la console de Sony. Raising Hell est en fait le nom de l'extension disponible en téléchargement payant sur PC et 360. La sortie tardive d'Overlord sur PS3 lui permet donc d'intégrer directement tout ce contenu supplémentaire, comme ce fut déjà le cas pour Lost Planet par exemple. On pourra donc profiter des niveaux additionnels des abysses en solo, ainsi que de nouvelles cartes destinées au multijoueur. Tout cela fait de cette version PlayStation 3 la plus complète de toutes. Est-ce que ça justifie pour autant son achat au prix fort quand les deux autres sont trouvables d'occasion ? Pas certain, mais si vous n'avez que la PS3, vous pourrez craquer sans risque pour ce titre original et plein de charme, et ce dès le mois prochain.