Square Enix nous invite à venir découvrir l'après Final Fantasy XII avec une suite qui tente le pari fou de transposer l'univers d'Ivalice dans un jeu de stratégie temps réel sur console portable. Suite aux errances de Heroes of Mana, nos craintes étaient légitimes, et pourtant Revenant Wings s'en sort avec les honneurs. Un titre maîtrisé qui porte un regard différent sur l'une des séries les plus appréciées des joueurs.
Bien qu'il prenne place dans un contexte situé un an après les événements de Final Fantasy XII, Revenant Wings semble vouloir tout faire pour se rendre accessible à ceux qui n'auraient pas connaissance de la trame qui était au centre de l'épisode PS2. Les préoccupations de nos héros sont désormais bien loin des complots ourdis dans l'ombre et des conflits entre royaumes, l'aventure se voulant plutôt placée sous le signe du mystère et de l'exploration. Si Vaan et Penelo sont clairement mis en avant dans ce nouveau chapitre, tous les acteurs clés du douzième volet feront leur entrée en scène à un moment ou un autre de l'histoire, sans oublier l'arrivée inattendue de personnages inédits dont la présence fera tout l'intérêt de la trame narrative de Revenant Wings. La présence de Llyud, un guerrier aegyl révolté par le sort infligé à son peuple, permet ainsi d'introduire le continent flottant de Lemurés situé par-delà le ciel d'Ivalice. De la même façon, d'autres "guests" ne manqueront pas de faire des apparitions temporaires pour enrichir l'univers du jeu.
Malgré son découpage en chapitres se traduisant par une série de missions ininterrompues, le soft bénéficie d'un scénario solide soutenu par des cinématiques somptueuses qui permettent d'apprécier pleinement le nouveau design de nos héros. Ces derniers arborent désormais un look plus jeune qu'auparavant bien qu'ils soient sortis grandis de leurs aventures passées. Pourtant, cette insouciance générale qui caractérise les premières heures de Revenant Wings laissera tout de même la place à des événements plus sombres que rien ne pourrait laisser présager. Non content de nous donner l'occasion d'explorer les contrées inconnues de Lemurés, le titre n'en est pas moins empreint du parfum d'Ivalice dont le joueur reconnaîtra les paysages caractéristiques depuis le cockpit du Leviathan avant d'y poser le pied. L'héritage de Final Fantasy XII se ressent évidemment aussi au niveau des compositions musicales qui reprennent la plupart des thèmes imaginés par Sakimoto pour le douzième volet, et leur écoute devrait avoir un impact certain sur tous ceux qui ont terminé cet opus. Irréprochable à la fois techniquement et par son ambiance, Revenant Wings part donc avec bien des atouts en poche pour nous convaincre de lui laisser sa chance, même si vous allez voir qu'il n'est pas simple de passer du RPG au STR, surtout quand il s'agit d'un jeu sur console portable.
A vouloir suivre de trop près les routines du STR sur PC, Heroes of Mana s'était rapidement enlisé dans les méandres de la médiocrité sans parvenir à offrir un réel confort de jeu. De son côté, Revenant Wings ne perd pas de vue le plus important : transposer les principes du jeu de stratégie temps réel en les simplifiant suffisamment pour les adapter au support portable. Cela n'empêche pas pour autant le titre de bénéficier d'une certaine profondeur tactique, mais à aucun moment le néophyte ne devrait se sentir perdu dans les possibilités offertes par le gameplay. La donnée stratégique la plus importante concerne le rapport de force entre les unités selon le schéma de complémentarité suivant : M (mêlée) > D (à distance) > V (volante) > M (mêlée). Autrement dit, les unités à distance sont vulnérables en combat rapproché, alors que les créatures volantes sont des cibles idéales pour les projectiles mais peuvent se tenir hors de portée des attaques de mêlée. Concrètement, si vous attaquez un monstre avec l'unité supérieure, vous subirez deux fois moins de dommages et infligerez deux fois plus de coups, il est donc crucial de respecter ce schéma de base pour espérer s'en sortir. Dommage qu'on ne puisse pas toujours prendre le temps de mettre en place sa stratégie car le trop grand nombre d'unités présentes dans les dernières missions entraîne un manque de lisibilité et une confusion générale qui nuisent à la précision du jeu. Dans la plupart des cas, il suffit d'ailleurs d'appuyer sur le bouton X pour envoyer tout le monde à l'assaut puisque cette méthode de brute fonctionne presque tout le temps, à condition d'attaquer les unités adverses une par une. A cela s'ajoutent quelques faiblesses au niveau du pathfinding, avec des unités qui trouvent parfois le moyen de se coincer dans le décor, même si la chose n'est heureusement pas trop fréquente. En revanche, le maniement tactile se révèle plutôt bien pensé, avec des icônes de raccourci pour contrôler ses troupes selon le type d'unités et le recours à la croix directionnelle pour déplacer la caméra sur la carte.
Si le déroulement des batailles pose parfois quelques désagréments dans la pratique, le joueur dispose tout de même d'un certain nombre de possibilités salvatrices, comme les diverses aptitudes que les personnages acquièrent à mesure qu'ils montent de niveau. Concrètement, il suffit de sélectionner une unité pour avoir accès à la liste complète de ses techniques, mais les concepteurs ont vite compris qu'il serait fastidieux de devoir les utiliser manuellement à chaque fois qu'on a besoin du moindre sortilège. Le système de gambits est donc là pour faire en sorte que les unités utilisent automatiquement les compétences choisies et permet donc de superviser l'action sans avoir à tout contrôler manuellement. Autre héritage de Final Fantasy XII, les impulsions propres à chacun des héros peuvent vous permettre de retourner une situation à votre avantage lorsque tout va mal, moyennant une sympathique animation. L'influence du RPG se ressent également dans les phases de discussion qui sont loin d'être inutiles puisqu'elles rajoutent une certaine liberté dans le déroulement ininterrompu des batailles. L'occasion, par exemple, d'optimiser son équipement dans la forge grâce aux matériaux récupérés puisque chaque personnage dispose d'armes, d'armures et d'accessoires en nombre conséquent. Le bois et l'acier sont d'ailleurs les seules ressources que vous pourrez dénicher sur le terrain durant les batailles, en dehors des denrées sauvages et des trésors qui feront le bonheur de nos pirates du ciel.
Le système de production des unités est une autre bonne trouvaille de Revenant Wings puisqu'il suffit de convertir les portails d'invocation présents sur le terrain pour prendre l'ascendant sur l'ennemi. Les monstres ainsi créés rejoignent immédiatement le leader auquel vous les aurez associés, si possible quelqu'un qui possède le même type d'attaque pour faciliter ensuite le déploiement des troupes. L'obtention de nouvelles créatures se fait par le biais du cercle des pactes (nouveau nom du Licence Ring), sauf en ce qui concerne les plus puissants éons qu'il faut généralement vaincre avant de pouvoir les enrôler. Les fans de Final Fantasy apprécieront sans doute de pouvoir contrôler indirectement le bestiaire emblématique de la saga, parmi lequel on trouve quand même les anciennes chimères de la série mais aussi les nouvelles découvertes dans FFXII. N'oubliez pas non plus que la clé de la victoire réside dans la préparation précédant le combat. Si vous savez choisir les bonnes unités, vous aurez déjà fait la moitié du travail. Toute la difficulté réside dans le fait qu'il faut prendre en compte non seulement le type des unités mais aussi leurs propriétés face aux éléments naturels comme la terre ou le feu.
Final Fantasy XII : Revenant Wings a le mérite de bénéficier d'une version européenne entièrement localisée, avec une niveau de difficulté soi-disant revu à la hausse par rapport à la mouture originale. Dans sa globalité, le soft se révèle pourtant un peu trop facile de par l'absence de réel Game Over et la quantité d'argent qu'on acquiert sans effort. La possibilité de revenir dans les anciennes missions pour augmenter les niveaux de ses personnages est un autre atout non négligeable, tout comme le fait de pouvoir utiliser les compétences à volonté. Par ailleurs, la durée de vie se révèle également un peu faible malgré la présence de missions libres totalement optionnelles, il faut donc compter environ 20h pour terminer le jeu à 85%. Le challenge s'avère tout de même assez sérieux si vous souhaitez obtenir le pourcentage maximum. Quoi qu'il en soit, Revenant Wings reste une très bonne pioche si vous êtes en quête d'un titre original ou si vous souhaitez découvrir une autre facette de l'univers d'Ivalice.
- Graphismes16/20
Le soin évident consacré à la réalisation des décors, aux animations des personnages en SD et à l'élaboration des cinématiques mises en valeur par le double écran est un bonheur pour les yeux tout au long de la découverte du soft. Le résultat est hautement impressionnant et permet de hisser le jeu au panthéon des plus beaux titres de la DS.
- Jouabilité13/20
Si la réalisation est impeccable, la lisibilité globale est souvent loin d'être optimale et engendre quelques désagréments de gameplay. Malgré tout, la répartition des contrôles est bien pensée avec une bonne gestion du stylet, des icônes de raccourci et un déplacement de la caméra via la croix directionnelle.
- Durée de vie14/20
Avoisinant la vingtaine d'heures pour terminer le jeu en ligne droite, la durée de vie est assez courte du fait que les missions se terminent généralement en une dizaine de minutes. On en dénombre tout de même 81 au total et l'exploitation de la forge peut rallonger la durée de vie de manière non négligeable.
- Bande son16/20
Les nombreux remix tirés des compositions imaginées par Sakimoto pour Final Fantasy XII apportent un souffle incroyable à l'ambiance du jeu et ne laisseront personne de marbre.
- Scénario14/20
Le découpage en missions pourrait laisser craindre le pire, mais les dix chapitres sont soigneusement scénarisés et reprennent avec pertinence l'univers mis en place dans Final Fantasy XII.
Même s'il est loin d'être immaculé, ce prolongement à Final Fantasy XII parvient à faire très bonne figure en prouvant que les mariages les plus inattendus peuvent parfois s'avérer fructueux. L'univers d'Ivalice épouse agréablement le monde du STR et même les plus sceptiques devraient être convaincus par cette improbable union. Revenant Wings est un jeu de stratégie à la portée de tous qui vous offrira quelques heures de jeu vraiment très plaisantes dans l'univers de FFXII.