La première mouture de Cars sur DS avait pris le contre-pied des versions de salon en proposant un florilège de mini-jeux. Tantalus, le développeur de ce second volet, effectue un revirement surprenant en proposant de vraies courses de voitures dans des environnements 3D. Reste à savoir si ce projet risqué accouche d'un jeu intéressant.
Au cas où certains se poseraient la question : non, aucun nouveau Pixar intitulé La Coupe Internationale de Martin ne sort actuellement sur les écrans. Mais un petit tour dans les magasins de jouets en cette période de fêtes suffit à se rendre compte que, plus d'un an après la sortie du film, Cars est une licence qui fonctionne toujours très bien auprès du jeune public. Il n'est donc pas surprenant de voir sortir un nouveau jeu vidéo basé sur les personnages créés par John Lasseter.
L'histoire se déroule toujours à Radiator Springs, et les plus jeunes retrouveront avec grand plaisir Flash McQueen, Martin, Doc et les autres. Mais, attirés par sa réputation, de nouveaux bolides de courses arrivent du monde entier pour défier McQueen. De Gudmund, la voiture de rallye suédoise, à Otto la berline allemande, en passant par Giovanni l'étalon de courses italien, tous sont là pour en découdre. Martin propose donc l'idée d'une Coupe Internationale, d'autant qu'un circuit flambant neuf vient d'être construit à Radiator Springs. Cette version DS vous propose deux modes de jeu : un mode histoire, à l'instar des versions de salon, et un mode défi. Le mode histoire est cependant assez sommaire puisqu'il consiste à boucler une succession de circuits, ponctuée çà et là de quelques scènes transitoires. Vous n'avez accès au départ qu'aux deux premiers circuits. Chaque course vous oppose à trois autres adversaires dans des tracés fermés dont il faut effectuer trois tours. Il suffit de se classer parmi les trois premiers pour remporter des étoiles. Celles-ci se cumulent, et chaque circuit est automatiquement débloqué dès que vous êtes en possession du nombre adéquat d'étoiles.
La jouabilité est on ne peut plus simple : il suffit d'appuyer sur le bouton d'accélération. Vous pourrez occasionnellement donner un petit coup de turbo, mais la fonction de frein par contre ne sert à rien. En effet, les véhicules sont particulièrement maniables, et comme l'impression de vitesse est quasi nulle, vous avez tout le temps de négocier les virages - les plus serrés nécessitant simplement que vous lâchiez un moment l'accélérateur. Il faut savoir que vos adversaires à l'intelligence artificielle digne du fils caché de Paris Hilton et de Steven Seagal ne vous causeront pas la moindre sueur froide. Quelques obstacles viennent bien, de temps en temps, vous compliquer la tâche. Qu'à cela ne tienne : si par malheur vous deviez vous heurter au décor, faites-vous un bon café, sortez les poubelles et profitez-en pour aérer le chien (euh non le vrai là, pas votre chihuahua Nintendogs, bande d'intoxiqués !). Puis revenez un peu plus tard : vos adversaires vous attendront sagement un peu plus haut sur la route, avançant à la vitesse d'un fan de Doc Gynéco en délire. Comme il n'existe aucun réglage de la difficulté, vous comprenez vite que vous n'aurez aucun mal à finir à la première place de toutes les courses. Il y en a 17, et vu que chacune d'elles se plie en 5 minutes, faites le calcul : vous bouclerez le mode histoire en moins d'une heure trente.
En outre, les circuits sont peu variés ; ils proposent tous des tracés sensiblement identiques et des décors répétitifs. Mon préféré reste quand même "La ville-fantôme", qui n'a jamais aussi bien porté son nom puisqu'il s'agit en réalité d'un tracé ininterrompu à travers la montagne. Quel humour, ces développeurs ! Le seul challenge susceptible de vous motiver est la présence, dans plusieurs circuits, de "roues d'or" cachées sur des chemins alternatifs (et parfois difficiles d'accès). L'obtention d'une roue d'or permet de débloquer un nouveau personnage ou une nouvelle peinture. Le mode défi ne suscite quant à lui guère d'intérêt. Il consiste à parcourir à nouveau les circuits débloqués, mais au gré de 3 types d'épreuves différents : "la chasse au trophée" vous propose de récupérer dans un temps imparti une vingtaine de trophées disposés le long du circuit ; "élimination" est une course classique avec élimination du dernier à chaque tour (aucun risque que ce soit vous) ; enfin, "contre-la-montre" est une épreuve vue et revue dans laquelle il faut rallier un certain nombre de checkpoints en temps limité. Rien de bien original, ni de bien passionnant. Ce fiasco total en termes d'intérêt ludique ferait presque oublier de mentionner la réalisation catastrophique, avec ses voitures mal modélisées, ses décors peu travaillés, et sa musique (oui, une seule !) qui se répète inlassablement tout au long du jeu. A défaut de remporter la Coupe Internationale, vous la boirez jusqu'à la lie.
- Graphismes7/20
La qualité graphique du jeu est très insatisfaisante. On sait bien que la DS n'est pas le support idéal pour la 3D, mais les développeurs ne se sont vraiment pas foulés. Les voitures souffrent d'une modélisation approximative ; les décors sont dépouillés, et la pixellisation particulièrement importante au niveau de la ligne d'horizon gêne la visibilité.
- Jouabilité14/20
Pour peu que vous disposiez d'au moins un doigt à chaque main, vous n'aurez aucun mal à contrôler McQueen et ses amis. Dans le cas contraire, ne vous inquiétez pas : vous pourrez compter sur la qualité de l'intelligence artificielle pour remporter la victoire.
- Durée de vie5/20
A moins de lancer une partie multijoueur, le challenge est inexistant de bout en bout. Vous pouvez aussi vous livrer à une petite expérience : lancez simultanément La Coupe Internationale de Martin et le film de John Lasseter. Vous aurez remporté la dernière course du mode histoire avant que ne démarre le générique de fin.
- Bande son8/20
Le bruit de tondeuse à gazon produit par le moteur n'a d'égal que l'unique musique qui accompagne toutes vos courses et qui vous poursuit même dans les menus. Heureusement, les voix françaises des personnages, dans lesquels on sent que les doubleurs se sont bien investis, rattrapent un peu le coup.
- Scénario5/20
Les nouveaux personnages sont des caricatures amusantes de voitures de marque. Par contre le semblant d'histoire, d'un dénuement le plus total, n'a vraiment aucun intérêt, surtout qu'il est incarné ici par des cut-scenes statiques et peu nombreuses.
La Coupe Internationale de Martin sur DS a le charme ineffable d'un bon gros nanar de ciné. Complètement raté, mais pas complètement inintéressant dans sa propension à susciter le rire - et par extension la bonne humeur - il accompagnera agréablement vos trajets en train ou en voiture pour peu qu'ils n'excèdent pas 1h30.