Alors que les Ghosts de Scott Mitchell viennent tout juste d'opérer une impressionnante démonstration de force sur PS3, nous nous sentions en droit d'attendre une performance de la même trempe sur la portable de Sony. Mais malheureusement GRAW 2 sur PSP n'a pas grand-chose à voir avec ses illustres collègues de salon.
En insérant le petit UMD d'Ubisoft dans votre PSP, ne vous attendez pas à découvrir une version miniaturisée du fantastique jeu d'action tactique disponible sur les consoles next-gen. Car c'est effectivement un tout autre jeu, et une nouvelle aventure, qui se propose à nos soldats d'élite. Enfin, notre soldat d'élite, puisque que Scott se retrouve séparé de ses collègues de travail dès la première mission. L'histoire de cet épisode portable se déroule juste après le coup d'état manqué du général renégat Carlos Antiveros au Mexique. Les services de renseignement américains viennent de découvrir que les armes dont les rebelles disposaient pour leurs forfaits provenaient en fait de Colombie. Il n'en faut pas plus pour décider le haut commandement à déployer discrètement ses Ghosts sur le territoire colombien. Manque de bol, l'hélicoptère de transport des Ghosts est abattu, et Scott se retrouve tout seul, perdu dans la jungle, et forcé de se coltiner 22 missions en solo aux objectifs variés mais maintes fois revus : escorte, destruction, récupération de documents et j'en passe.
Heureusement, notre bon vieux Scott est loin d'être désarmé, et il pourra notamment compter sur son interface de combat futuriste ainsi que sur quelques caisses d'armes gentiment déposées par ses congénères militaires. L'isolement relatif de Mitchell ne l'empêchera donc pas d'utiliser des bazookas, des fusils d'assauts, des pétoires de sniper et quelques sympathiques grenades. Le drone de reconnaissance est également de la partie, avec une petite nouveauté tout de même, puisqu'il est maintenant en mesure de lâcher des explosifs sur ses cibles. Scott bénéficiera aussi de l'intervention ponctuelle de quelques alliés moribonds ainsi que d'unités de soutien à l'efficacité douteuse. Bref, presque tout ce qu'il faut pour survivre et abréger les petites vies inintéressantes des centaines de mercenaires lobotomisés ayant élu domicile dans la jungle colombienne.
Dans GRAW 2, tous les niveaux du jeu fonctionnent grosso modo sur le même schéma : plusieurs zones ouvertes reliées par deux ou trois chemins différents. Le titre cherche donc à nous offrir un semblant de liberté, qui s'avère finalement assez illusoire. Au fond, chercher à contourner l'adversaire en choisissant un chemin détourné ne servira pas à grand-chose puisque les soldats ennemis possèdent autant de jugeote que des parpaings. Dans bien des cas, ces derniers se contentent de courir vers vous en beuglant pour signaler leur position tout en omettant consciencieusement de faire feu. La vue d'un camarade soudainement fauché dans la fleur de l'âge ne les déstabilisera pas particulièrement non plus, et la plupart des sentinelles continueront donc leur ronde, comme si de rien était. Bref, on pourra donc bourriner comme un sagouin sans chercher à prendre la moindre précaution, ni même à reconnaître le terrain avec le drone. Sur PSP, GRAW 2 se mue en une sorte de shooter basique, dénué de tout aspect tactique. D'autant que grâce à son entraînement top moumoute et à ses rations de combat à base de cheeseburgers, Mitchell est parvenu à acquérir la faculté de se régénérer tout seul, pour peu qu'on le laisse tranquille quelques secondes. Le jeu apparaîtrait donc comme excessivement facile si le maniement ne venait pas jouer les troublions.
En fait, GRAW 2 se prend en main de la même manière que tous les softs du genre sur la console portable de Sony. On utilise donc le stick pour le déplacement et les boutons de droite pour la visée. Comme d'habitude, cette dernière est copieusement assistée par un système de lock automatique. Le résultat est un peu plus confortable que dans Call Of Duty, mais ne nous permet pas d'éviter quelques déconfitures. On se retrouvera donc régulièrement à sulfater une cible lockée, à 200 mètres de distance, alors qu'une autre sentinelle, plus proche et donc potentiellement plus dangereuse sera tout bonnement ignorée. Mais le véritable souci vient en fait de la navigation dans l'inventaire, qui s'effectue péniblement à l'aide de touches directionnelles. Il faudra généralement appuyer sur deux boutons en même temps pour faire défiler les armes, une manoeuvre que beaucoup d'utilisateurs de PSP redoutent presque autant que la prochaine édition de la Star Ac'. Pire, la flèche du haut commande également la posture de votre soldat. Du coup, quand on voudra rapidement empoigner son fusil d'assaut, on se retrouvera régulièrement en train de ramper dans les herbes folles.
La dernière déception viendra du mode multijoueur. Alors que sur les consoles de salon, GRAW 2 offre de nombreuses heures de combats à ses adeptes, la version PSP ne nous délivre qu'un très petit mode coopération, jouable à deux et seulement en Ad-Hoc. On s'infligera donc les mêmes niveaux que dans le mode solo, mais à deux. Des variantes comme Combat (de l'extermination pure et simple), Défense et Recon (qui demande d'opérer une reconnaissance de diverses zones sur la carte) sont également proposées, mais les problèmes de jouabilité auront tôt fait de rebuter les guerriers que vous êtes. Bref, GRAW 2 sur PSP n'est pas une franche réussite, et on lui préférera sans doute des titres comme SOCOM : Fireteam Bravo, plus abouti et plus prenant.
- Graphismes13/20
La réalisation est convenable malgré quelques bugs, mais rien ne se distingue particulièrement de l'ensemble. Si Scott et ses ennemis sont correctement modélisés, les décors baignent constamment dans un désagréable brouillard digne de la N64. Quelques effets de caméra tentent parfois de dynamiser l'action lorsque vous effectuez un tir de vicieux, mais sans grand succès. On appréciera cependant la transparence des temps de chargement lors des missions.
- Jouabilité9/20
GRAW 2 sur PSP ne laisse plus aucune place à la stratégie. La faute à une I.A. aux fraises et à un Scott qui s'apparente plus à un Terminator qu'à un soldat, certes doué, mais tout de même mortel. Augmenter le niveau de difficulté ne changera pas grand-chose et le seul véritable challenge consistera généralement à naviguer dans l'inventaire. En effet, le système est tel qu'on ne manquera jamais de s'empêtrer dans les menus.
- Durée de vie12/20
Avec 22 missions solos relativement brèves et un mode coopération limité aux niveaux de la campagne et à quelques variantes, le tout uniquement jouable à deux en local, GRAW 2 risque de rendre l'âme rapidement.
- Bande son11/20
La voix habituelle de Scott colle à peu près convenablement au personnage, mais on se lassera rapidement des répliques des adversaires. A croire que leur répertoire se limite à trois ou quatre mots. Les bruitages sont convenables, du moins lorsque le jeu n'omet pas de les déclencher. En effet, on se retrouvera souvent avec des explosions silencieuses. Les musiques reprennent quant à elles les thèmes des versions de salon, mais ont tendance à se couper abruptement à la fin de chaque fusillade. On se retrouve donc avec une bande-son hachée et décevante.
- Scénario12/20
Une histoire sans grande originalité mais suffisamment bien amenée pour donner un semblant de justification à ce déchaînement de violence.
GRAW 2 sur PSP s'apparente avant tout à une version très allégée de son grand frère. Le titre ne nous offre pas véritablement la possibilité de contrôler des unités alliées comme dans Socom, et l'I.A. s'avère tout simplement médiocre. Bref, l'aspect tactique caractéristique de la série s'efface rapidement, au profit d'une action bourrine et hachée par de sérieux problèmes de maniabilité. Décevant.