Considérée par beaucoup de joueurs comme la série la plus crispante de ces dernières années, Super Monkey Ball nous revient dans un épisode qui, cette fois, risque carrément de vous faire perdre toute maîtrise de vous-même tant son gameplay s'avère délicat. Si l'idée de transposer le concept original dans un univers entièrement libre, propice à la recherche et à la plate-forme, méritait d'être tentée, le résultat est à se tirer une balle dans la tête.
Cette mise en garde est valable pour tout le monde, même pour les plus coriaces d'entre vous qui affectionnez les challenges surhumains où l'adresse qui est exigée dépasse l'entendement. C'est d'ailleurs là le principal défaut de ce jeu dont les nombreuses lacunes de gameplay ne nous donnent aucunement la possibilité de surmonter les épreuves ardues qui nous sont proposées. On est donc bien loin de l'efficacité des épisodes classiques de la série où une bonne dose d'adresse et de persévérance suffisait à déjouer les obstacles les plus vicieux. Dans Super Monkey Ball Adventure, le simple fait d'évoluer dans des environnements ouverts plutôt que sur des parcours aux dimensions parfaitement calculées suffit à rendre l'affaire complètement injouable.
Pourtant, l'idée de base ne s'éloigne pas tant que ça du principe original, puisqu'il s'agit toujours de contrôler un singe coincé à l'intérieur d'une boule. A chaque fois qu'on effectue un mouvement du stick analogique pour avancer ou pour changer de direction, c'est toute la surface sur laquelle on roule qui se met à pivoter, ce qui rend les choses extrêmement déstabilisantes. Dans le cas présent, le simple fait de gravir une colline en colimaçon exige un doigté parfaitement maîtrisé, puisqu'il est indispensable de prendre en compte la prise d'élan, le sens de rotation, mais aussi la résistance due aux aspérités du terrain. Un gameplay qui tourne vite à des problèmes de physiques qui mériteraient de prendre un crayon pour tracer les vecteurs de trajectoires et calculer le résultat des forces qui s'opposent. Mais comme tout ça n'est pas possible dans le feu de l'action, on se retrouve à manipuler maladroitement le stick analogique en essayant de compenser les erreurs accumulées les unes après les autres, dans l'espoir de ne pas chuter une fois de plus dans le vide. Une tentative bien vaine, d'ailleurs, puisque vous allez voir que le soft ne nous donne aucunement les outils pour qu'on s'en sorte correctement.
Il ne faut, de toute façon, pas beaucoup de temps pour se rendre compte que les développeurs semblent avoir tout fait pour nous mettre des bâtons dans les roues, comme si le seul but recherché était de nous agacer. Il y a déjà cette fichue caméra qui est incapable de suivre les mouvements du personnage, même en la gérant manuellement avec les gâchettes. Dans un titre qui exige une parfaite lisibilité, vous admettrez que ça pose déjà un énorme problème. Ensuite, les objectifs distribués par les personnages rencontrés au hasard du chemin manquent très souvent de clarté, au point de nous faire tourner en rond la majeure partie du temps. On est également obligé de revenir voir les personnages en question pour annuler une mission en cours avant de pouvoir en accepter une nouvelle, ce qui est assez consternant.
Mais ce n'est pas tout ! A chaque fois qu'on veut passer une porte, il faut nécessairement effectuer une dizaine de rotations sur un tourniquet, parce que ce serait trop simple autrement. Bien évidemment, les textes s'affichent lettre par lettre sans possibilité de les accélérer à moins de carrément les zapper, et le jeu prend un malin plaisir à vous ramener à des kilomètres de l'endroit où vous êtes tombé. Mais surtout, c'est le principe même du jeu qui est à revoir, dans la mesure où il se révèle totalement inadapté aux environnements proposés. Au lieu de transposer tel quel le concept de base dans un jeu de plate-forme non linéaire, les concepteurs se devaient de l'adapter pour que le résultat fonctionne, ce qu'ils n'ont évidemment pas fait. Résultat, le soft hérite d'une jouabilité crispante qui vous fera basculer vers le côté obscur de la force (haine, colère, désespoir) en l'espace de quelques minutes.
Malgré tout, pour les quelques fous qui se sentiraient quand même motivés pour faire ce jeu en entier, je me dois de revenir sur les quelques bonnes idées que vous y trouverez. Pour rester dans le mode Histoire, il faut savoir que votre boule pourra acquérir un certain nombre de propriétés spéciales qui vous aideront à progresser. Vous trouverez ainsi la BoxoBoule pour tout ravager, la BoisoBoule qui s'enflamme ou encore l'InvisiBoule qui vous permet de passer inaperçu. Il existe ainsi une petite dizaine d'aptitudes du même genre qui renouvellent un peu le déroulement de l'action, ce qui n'est pas un mal. De temps à autres, on a également droit à des défis classiques à base de parcours chronométrés, directement inspirés des anciens volets. Le menu permet d'ailleurs d'y accéder depuis le menu principal, tout comme pour les mini-jeux, jouables jusqu'à 4 participants. Dommage que seule la moitié d'entre eux soit inédite, car ils permettent de décompresser après s'être escrimé pendant des heures sur des défis éreintants. Le bilan n'est de toute façon pas très positif pour ce Super Monkey Ball Adventure qui risque d'être boudé même par les fans de la série qui le trouveront à juste titre peu convaincant. Ce n'est pas encore aujourd'hui que le titre de Sega parviendra à se renouveler. D'autant que la version PSP comporte davantage de défauts que sur PS2. La gestion de la caméra ne peut se faire que sur les côtés et pas en hauteur, et on note la présence de chargements supplémentaires et de ralentissements.
- Graphismes12/20
Le soft ne s'en tire pas trop mal de ce côté-là, même si le faible nombre de mondes à explorer ne permet pas aux environnements de vraiment se renouveler.
- Jouabilité5/20
Au lieu de chercher à adapter correctement le gameplay classique de la série (basé sur des parcours linéaires) dans des environnements ouverts, les concepteurs se sont contentés de le transposer tel quel sans apporter aucun changement. Résultat, le système de jeu se révèle totalement inadapté aux challenges proposés, ce qui rend le soft complètement injouable.
- Durée de vie12/20
Il n'y a pas beaucoup d'endroits à découvrir, mais le temps que vous passerez à accomplir la moindre tâche assure au jeu une durée de vie solide mais factice. Il y a, de toute façon, de grandes chances que vous perdiez patience avant d'en voir le bout.
- Bande son10/20
Comment garder son calme lorsqu'on nous impose une musique guillerette alors qu'on est au bord de la crise de nerf ? Les singes ne s'expriment que par des gémissements aigus difficiles à supporter.
- Scénario10/20
Il semble que les princes du royaume des primates aient disparu de la circulation, et c'est à vous qu'il revient de les retrouver. Un bon conseil, n'acceptez jamais cette mission !
En adoptant un système de progression radicalement différent des précédents volets de la série sans se donner les moyens d'aboutir à un résultat correct, Super Monkey Ball Adventure risque de perdre en route un bon nombre de fans. Avec son gameplay inadapté et ses challenges insurmontables, ce titre ne procure aucun plaisir de jeu. Pire, vous en viendrez probablement à le haïr.