Portant le sobriquet Freedom, cette adaptation PSP du célèbre Monster Hunter issu de la PS2 peut prêter à confusion. Mais pourquoi ? Me direz-vous. Tout simplement parce que le mot liberté inclus dans l'esprit de tout un chacun un rapport direct à un sentiment d'évasion, de fracture des barrières, d'implication directe dans le monde. Le risque est donc que certains prennent ce mot d'ordre à la lettre et tentent, console portable à la main, de terrasser du dragon, voire d'empaler du raptor. Bien entendu ils ne trouveront pas ce gibier et se rabattront donc sur le chien du voisin ou sur un écureuil innocent. Pour éviter ces drames en cascade, sachez que "freedom" n'est qu'un concept marketing qui claque. C'est déjà nettement moins dangereux.
Alors que l'on se demande encore comment on va réussir à tirer quelque chose du soft sans un second stick et sans clavier USB, l'aventure démarre, rapide, intense, soulignée par une scène cinématique détonante, directement transportée de cette bonne vieille PS2. Un bagage qui était visiblement loin d'être le seul lors de la livraison, tant les prémices de votre quête de chair fraîche ressemblent en tout point à ceux de son grand frère. Vous débutez donc dans un petit village sauvage, immédiatement après avoir défini le personnage qui vous représentera grâce à un éditeur assez limité mais relativement sympathique, donnant dans la foulée un aperçu du chara-design réussi du soft. Une patte graphique de premier choix qui se retrouvera d'ailleurs tout au long de l'expérience de traque que vous vivrez, tant dans la création de l'ambiance que dans l'apparence des divers monstres présents, sortes de mélanges habiles entre dragons et dinosaures. Rarement un jeu n'avait autant pris soin de fonder un bestiaire aussi cohérent dans sa globalité et surtout composé d'êtres à la stature particulièrement impressionnante. Croiser l'équivalent reptilien d'une tour de trois étages en pleine forêt est une expérience unique qui va totalement de paire avec l'atmosphère ouvertement épique émanant du soft. En effet, que ce soit au niveau de la bande sonore, de l'apparence des armes ou de la construction même de Monster Hunter, tout concourt à donner cet effet d'écrasement et de combat quasi perdu d'avance. Une mise en bouche qui permet de prendre un net plaisir à dompter une nature revêche et provoque une véritable exultation lorsque l'ennemi implacable finit sa course au sol dans un nuage de poussière. A vous ensuite de choisir si ces rixes tenant de la pure mythologie antique ressembleront plus à du David contre Goliath ou à du Ulysse et ses compagnons contre le Cyclope. Car Monster Hunter se permet de chasser deux gibiers sur une même piste.
Dans un premier temps, seul et dénué de toute expérience de battue, il vous incombera de passer par de longs moments d'entraînement ponctués de ramassages d'herbes diverses, de collectes de toiles d'araignée et de vols d'oeufs avec préméditation. Nommées un peu pompeusement missions, ces tâches représentent en fait un tutorial dans lequel vous acquerrez suffisamment de maturité pour vous lancer ensuite dans les épreuves de niveau 2, bien plus ardues et surtout mettant clairement en avant la poursuite sanguinaire de créatures sauvages allant du petit raptor nerveux et méchant au terrible dragon avide de destruction totale en toute simplicité. Une montée en force progressive donc, qui ne parvient tout de même pas à faire oublier que vous êtes en offline et que sans scénario, l'intérêt a réellement tendance à s'émousser aussi vite que votre lame rongée par le sang frais. Et ce, même si vous avez à votre disposition la possibilité de cultiver un jardin ou d'extraire du minerai dans une sorte de ferme attenante au village de départ. Originalité de cette version PSP en alliance avec un système de cuisine, ce principe assez intéressant dans le fond autorise à se forger rapidement un capital d'objets afin d'en tirer partie dès les premiers pas dans le mode online. D'autant qu'il vous est offert gracieusement la capacité de combiner certaines plantes afin de fabriquer divers ustensiles ou éléments inédits. Une trouvaille intelligente mettant en avant l'aspect survie inhérent au principe même de traque. Dans une veine similaire, si vous vous trouvez en difficulté en pleine nature, vous pourrez aisément pêcher et ainsi maintenir votre niveau de santé suffisamment haut. De votre connaissance de votre environnement naît une facilité à la progression. Un concept détonnant qui trouve tout de même sa limite dans le nombre assez réduits de coins de pêche et surtout dans la petitesse de votre sac à dos.
Magnifiquement réalisé même si l'on note quelques bugs de collision et une immobilité dérangeante des arrière-plans, Monster Hunter Freedom fait honneur à sa machine hôte et arrive quasiment au niveau de la version PS2. Un travail technique qui nous donne l'occasion de profiter visuellement d'un changement en temps réel des pièces d'armure et des armes de votre fier guerrier, vous laissant le libre choix quant à son aspect extérieur, même si tout le monde sait bien que la vraie beauté est intérieure. Une customisation complétée par une gestion de votre barda relativement complète, notamment dans le fait de pouvoir créer son propre attirail de A à Z en collectant certains métaux bien définis et en les associant avec des morceaux de peaux ou d'écailles prélevées sur les créatures que vous avez auparavant démembrées avec une joie coupable. Enfin, vous devrez accorder un soin réel à votre classe (arbalétrier, épéiste, lancier, etc.) et à la nature des animaux dans votre ligne de mire lors du choix de votre équipement, sous peine de subir de cuisantes défaites. Si vous vous présentez par exemple face à un dragon, recouvert d'une armure imprégnée d'une compétence de résistance négative, vous subirez des dégâts bien plus importants, ce qui est logique. Le moyen imparable de contrecarrer cette mauvaise vision d'une bataille à venir reste bien évidemment la coopération, où la moindre faiblesse est normalement équilibrée par la force d'un coéquipier de chasse. D'autant qu'il vous faudra souvent des personnes pour couvrir vos arrières, notamment à cause de la jouabilité assez particulière du soft. Remplaçant le second stick de la version PS2 servant à diriger la caméra, par la croix directionnelle, Monster Hunter Freedom n'a pas fait le plus facile. En effet vous aurez tout de même quelques difficultés à manipuler le point de vue correctement, surtout dans des phases d'actions intenses, même s'il vous est possible de recentrer ce dernier grâce à la touche L. On ne se sent pourtant pas vraiment à l'aise et vous aurez parfois tendance à chercher du pouce le "joystick fantôme". Dans le même temps, le fait d'avoir implémenté la course sur le bouton R, tout en sachant que l'on se déplace avec le stick provoque de réelles douleurs dans les mains, tant les deux points d'appuis sont éloignés. Rien de bien grave, mais on sent bien que les développeurs ont dû avoir fort à faire avec l'ergonomie de la PSP. D'où l'utilité du soutien moral de vos compagnons.
Ouvertement orienté vers le dépeçage de gros gibier en coopération, Monster Hunter Freedom joue concrètement son intérêt sur la complémentarité. En effet, vous devrez, avant de vous jeter sur les traces d'une Wyvern, penser activement à la manière dont vous allez procéder. A vous de tenir compte des forces et des faiblesses de chacun dans le groupe afin d'en tirer parti. Par exemple, évitez de rameuter un animal sur les arbalétriers en vous sauvant lâchement. Préférez une course parallèle vers un membre disposant d'une épée à deux mains qui pourra ralentir la bête et permettre aux guerriers équipés d'armes à longue portée de faire diversion et ainsi de suite. Les assauts brutaux et méchants n'aboutiront souvent qu'à des torrents de larmes et des mares de sang. Un véritable esprit d'équipe doit se créer, si vous désirez remporter moult défis. Un gage aisé à remplir à quatre joueurs en réseau local mais un peu plus difficile sur un net peuplé de nombreuses personnes plus ou moins fiables. A noter d'ailleurs que cette version PSP de Monster Hunter propose une connexion online cruellement mal pensée, qui vous obligera à passer par des moyens détournés loin d'être évidents pour espérer acquérir une connexion en Wi-Fi. Un écueil fort étrange qui terni un peu l'image bienveillante du titre de Capcom. Néanmoins, ce titre est une expérience à ne pas rater, sous peine de passer à côté d'une épreuve de traque collective intense et immersive.
- Graphismes15/20
Même si l'on note quelques détails rageants comme l'immobilité des chutes d'eau composant l'arrière-plan du premier environnement ou la profondeur de champ un peu faible, Monter Hunter Freedom est incontestablement une grande réussite graphique. Se rapprochant quasiment à l'identique de la version PS2, cet opus PSP provoque la même immersion rapide et joyeuse.
- Jouabilité14/20
Remplaçant les coups donnés avec le stick, pas très précis mais donnant de bonne sensation de puissance sauvage, par une utilisation des boutons plus "classique", Monter Hunter Freedom se place dans une optique de console portable. Et si dans la majeure partie des cas on ne s'en plaindra pas, quelques problèmes de cohésion viennent ternir un peu cette prise en main "différente".
- Durée de vie16/20
Entre le mode solo, éreintant mais relativement long, la cuisine, la gestion de la ferme, la collecte d'objets, la coopération en local et le monde online (si tant est que vous puissiez y accéder), vous aurez de quoi vous occuper ces longs soirs d'été. D'autre part, le titre de Capcom fait partie de ces softs que l'on ressort avec plaisir pour une petite partie.
- Bande son15/20
Les différentes compositions présentes dans Monster Hunter proposent des mélodies épiques de fort bon aloi, ajoutant le petit grain d'adrénaline nécessaire à la complète implication au sein d'une quête. Emphatiques et parfois douces, elles se fondent admirablement dans l'ambiance du soft. Dommage qu'elles ne soient pas plus nombreuses. Les effets sonores quant à eux, de l'atmosphère de la forêt, aux cris des différentes espèces se révèlent parfaitement convaincants.
- Scénario/
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Malgré des problèmes de prise en main, un aspect guindé et l'accès online épuisant de manipulations, Monster Hunter Freedom s'élève grâce aux mêmes éléments qui ont provoqué son succès sur PS2. Immersif, puissant, dévoilant immédiatement un intérêt profond, le soft de Capcom parvient à charmer par une ambiance, une couleur, un son. Et c'est en cela qu'il est passionnant. De plus, l'excitation de la traque et du côté épique de la chose joue énormément dans l'impression finale.