Second Sight sur PC, c'est un peu le baptême du feu de Free Radical qui sort ici son premier jeu non-console. Accessoirement, c'est également un titre qui essaie de faire dans l'original côté infiltration, mais qui se montre un peu besogneux tout de même. Les débuts sont toujours difficiles ma brave dame.
Bon allez, ne sois pas négatif dès le début voyons sale aigri. En fait, il est sympa Second Sight, mais il est mieux sur console on va dire. Pour vous, tout commence dans une clinique un peu spéciale qui a plus l'air d'être un drôle de centre d'expérimentation qu'autre chose. Réveil difficile pour monsieur John Vattic qui ne sait d'ailleurs même plus que tel est son nom. En l'espace de quelques minutes, le bougre bien amoché réalise qu'il est doté de pouvoirs paranormaux qui pourraient s'avérer fichtrement utiles pour s'évader et découvrir la vérité sur ce qui lui est arrivé.
Non mais c'est que ça fait un choc de se réveiller la tronche en vrac et vaguement rafistolée au scotch avant de découvrir qu'on est capable de déplacer des objets à distance, de se rendre invisible ou de lancer des décharges d'énergie sur tout ce qui peut paraître hostile. Progressivement, ces quelques pouvoirs de base évolueront alors que de nouveaux viendront s'ajouter à la liste. John sera capable par exemple de soulever un ennemi pour lui briser la nuque dans le style Dark Vador (comme on peut le faire dans les Jedi Kinghts) ou même de projeter son corps astral. Bon, il faut tout de même préciser que si ce dernier peut tout à fait franchir une grille laser, il est pas fichu de passer à travers un malheureux portillon et qu'il faudra donc l'ouvrir. La première fois qu'on bute sur un truc comme ça, ça fait un peu Benny Hill quand même. Mais malgré cette petite moquerie sur un point de détail, les pouvoirs de Second Sight sont vraiment marrants et offrent un gameplay assez original, en partie basé sur l'infiltration, mais pas uniquement.
Vos diverses aptitudes psychiques serviront aussi bien à l'action, remplaçant efficacement les armes, qu'à la résolution d'énigmes. Dans ce dernier cas ceci dit, on ne va pas trop vous en demander, "ho, la clef est coincée derrière une grille, et si je la faisais venir à moi avec mon super pouvoir de télékinésie ?". Voyez, ça fait pas fondre les neurones hein ? Pour ce qui est de la castagne, Vattic est bien équipé, entre les ondes psychiques et l'étranglement, il a de quoi faire face, et on ne négligera pas l'effet dissuasif de la peur qui fera souvent reculer les types d'en face, pour un temps seulement. Mais si vous souhaitez rentrer dans le tas, mieux vaudra opter pour les classiques, les armes. Et là, malheureusement, Second Sight est assez décevant, en grande partie parce qu'il arrive sur PC avec son système de tir typiquement console, en gros : assisté au possible pour compenser le manque de précision d'un pad. Si ce n'est que là, on a une souris mes braves garçons. Dans les phases de combats, il y a de bonnes choses, comme la possibilité de se coller aux murs et de se pencher rapidement pour tirer, mais vu que la visée est automatique et qu'il suffit de maintenir le clic avant de tirer pour être certain de faire mouche dans 90 pour cent des cas, l'intérêt n'y est pas vraiment et les séances de gunfights prennent de sacrées allures de tirs aux pigeons. Et l'IA ennemie n'étant pas ce qui se fait de mieux, le combat n'est du coup pas ce que Second Sight a à offrir de mieux.
Mais s'il laisse une belle place à l'action, Second Sight est toutefois présenté comme un jeu d'infiltration et c'est bien comme cela qu'il faudra l'aborder, c'est même fortement conseillé dans la mesure où les ennemis spawnent parfois à l'infini tels des démons sortis des bouches de l'Enfer ou des cheeseburgers du drive in. Oui c'est énervant, et ça l'est encore plus quand ils font ça dans votre dos, alors que dans votre dos, il n'y a qu'un couloir qui se termine en impasse. Heureusement, les pouvoirs de Vattic sont parfaits pour se la jouer discrète. On a de quoi passer inaperçu pendant quelques secondes, neutraliser en toute discrétion un garde inattentif et isolé, projeter son corps astral pour aller en repérage ou couper des pièges à distance, etc. On pourra évidemment ramper sous des bureaux ou se faufiler dans les conduits d'aération, bref, tout ce qu'il faut pour se montrer furtif. Tout ? Peut-être pas, Second Sight n'est pas Splinter Cell non plus et il paie un peu le prix des jeux qui veulent jouer sur les deux tableaux en arrivant comme un jeu d'infiltration du pauvre. Avec les incroyables pouvoirs de Vattic, il est d'une simplicité parfois enfantine de gruger des gardes pas vraiment très futés. De plus, si vous êtes subitement repéré, il vous suffira d'occire fissa les témoins gênants, de vous planquer dans un placard à balais et d'attendre gentiment que l'alarme soit coupée. Moui, un peu facile non ? Du coup, pour les habitués de la discipline le challenge est un peu maigre. Ce qui est un rien dommage car du coup les joueurs exigeants risquent de rester sur leur faim, mais attention, Second Sight offre néanmoins un gameplay réellement plaisant, juste trop simple.
Le titre de Free Radical a tout de même une autre corde à son arc qui peut lui permettre de compenser un peu ses lacunes de gameplay, son ambiance inspirée des ficelles du cinéma. L'intrigue est certes assez classique mais elle n'en parvient pas moins à captiver et à surprendre. Et la narration à base de flashbacks, qui sont intégrés comme des séquences de jeu, n'y est pas totalement étrangère non plus. On alterne ainsi les niveaux se déroulant à l'époque actuelle avec ceux qui servent à expliquer comment Vattic en est arrivé à sa situation présente. L'inconvénient de ces niveaux étant qu'on y sera privé de nos pouvoirs psychiques. Il faut bien admettre qu'on est tenté de pousser l'aventure uniquement pour connaître le fin mot de l'histoire. Et puisqu'on ne peut pas dire que le jeu soit foncièrement inintéressant à jouer, on ne voit pas ce qui pourrait nous en empêcher.
Peut-être sa réalisation un peu à l'arrache ? Il n'y a en effet pas que le gameplay qui se montre un peu limité pour un jeu PC. Graphiquement, le point fort réside dans la patte habituelle du studio Free Radical que vous connaissez si vous avez joué aux Timesplitters sur console. Un style qui mêle à la fois un design cartoon et une pointe de réalisme. Seulement techniquement, c'est gros et gras et ça sent le méchant copié-collé de la version PS2 avec des modèles de personnages anguleux, des armes de poing aussi grosses qu'un bras, des textures en basse résolution et tout un tas de choses peu agréables à l'oeil esthète qui aime faire chauffer sa carte graphique. De plus, on observe quantité de bugs de collision, on se cogne dans un objet à plusieurs pixels de distance et il arrive trop souvent que l'on traverse certains éléments de décors mobiles. Le moteur physique est d'ailleurs trop exagéré faisant voler un objet alors qu'on l'a à peine touché. Mais le plus pénible dans cette conversion PC concerne la maniabilité du jeu. Outre le système de tir frustrant, on peste surtout contre des mouvements imprécis, trop vifs et saccadés et enfin, il est difficile de réprimer l'envie de lapider le cameraman épileptique qui gère la vue. Définir un bon angle de vue est un calvaire et même quand on y arrive, on constate dépité que la brave dame focale a décidé qu'elle allait lentement se replacer n'importe comment. On se l'imagine très bien nous faisant des bras d'honneur pendant qu'on la regarde pas, en criant "Je fais ce que je veux Dugenoux !". Et je ne parle pas des lieux exigus dans lesquels elle se met subitement à trembloter, avec pour effet de vous coller un bon mal de crâne. Et plus que tout, c'est bien ça qui plombe le jeu.
- Graphismes12/20
Le design de Free Radical a pour lui de sortir des sentiers battus en optant pour un style comics sympathique. Le hic étant que la réalisation est franchement cheap sur PC, sans parler des bugs de collisions qui font tache.
- Jouabilité12/20
Le gameplay est un peu bancal même s'il a des atouts. Seulement les phases d'actions sont rendues un peu fades par un système de visée trop assisté. Et du côté de l'infiltration, mieux vaut ne pas être trop exigeant. Le jeu reste tout à fait sympathique ceci dit, mais trop simpliste. Le plus gros problème viendra pourtant de la maniabilité imprécise et des soucis de caméra vraiment agaçants.
- Durée de vie13/20
Free Radical a cru bon de ne pas développer de mode multijoueur ce qui est assez dommage vu le travail abattu sur les Timesplitters. Du coup, le jeu ne résiste pas très longtemps et on boucle sans trop de mal sa petite vingtaine de niveaux bien courts.
- Bande son15/20
De très bons thèmes musicaux qui collent parfaitement à l'atmosphère du soft. Les doublages et effets sont à l'image du design graphique, mêlant le style comics au tragique hollywoodien.
- Scénario15/20
La trame narrée par le biais de flashbacks ce n'est pas nouveau je vous l'accorde, mais quand ça marche, les vieux trucs, on aime bien. Toujours est-il qu'on est bien désireux de connaître le dénouement de l'histoire de John Vattic.
Ah les conversions, art délicat. Sur console, Second Sight est un titre tout à fait sympathique auquel on pardonne quelques bourdes. Sur PC, il accumule un peu trop de casseroles. Ses séances de combats sont frustrantes, entre la visée pour canard manchot et les ennemis qui semblent arriver à l'infini, quant à l'infiltration, elle ne satisfera que les débutants dans la discipline. Second Sight arrive pourtant à s'imposer comme un jeu plaisant, jusqu'à ce qu'on finisse par lui reprocher sa réalisation de "portage", sa maniabilité approximative mal pensée sur PC et ses caméras indigentes. Dommage, mais vous pouvez toujours vous laisser tenter.