Sur le chemin sablonneux de la vie, de nombreuses questions vous assaillent tels de lourds poids vous enfonçant irrémédiablement dans les tréfonds de cette route glissante. L'une d'elles pourraient être la suivante : De quoi vais-je vous parler, étant donné que je vous ai tout dit dans mon dossier ?Je pourrais peut-être déblatérer sur la vie délibérément morne et vide d'une huître, ou sur les dégâts causés à la couche d'ozone par les Kinder Maxi, mais comme aucun de ces deux sujets n'est en adéquation avec le thème de ce test et qu'ils ne sont pas non plus des modèles d'intérêt, il convient mieux de traiter de ce bijou probable qu'est GT4 Prologue.
Fraîchement arrivé sur notre territoire au climat en ce moment estival, Gran Turismo 4 Prologue s'apprête à déchaîner les passions et à enthousiasmer les foules. Conséquence logique d'un coup marketing longuement fomenté dans notre dos, et qui éclate enfin au grand jour dans toute sa fourbe splendeur. En effet, suite aux nombreux et conséquents reports d'un des softs les plus attendus au Monde, et ce tous continents confondus, nos bons amis et anges-gardiens de chez Sony se voyaient déjà devoir répondre aux missives incendiaires des fans verts de rage, et pensaient de plus en plus perdre des parts de marché. Mais une idée fleurit dans leur esprit en une belle journée. Se saisissant de leur titre seulement terminé à 25 pour cent, ils s'empressèrent de le proposer en vente sous l'appellation GT4 Prologue, afin de faire patienter, officiellement, les joueurs. Exposant ainsi les bases de son futur chef-d'oeuvre, Poliphony Digital s'assure d'une fidélisation du public et une rentrée d'argent notable. Le temps des démos offertes dans les magazines est révolu, il faut dorénavant les acheter, et pour un prix plus que prohibitif. Près de 40 euros pour une version non définitive qui va probablement changer du tout au tout, associée à une durée de vie ridicule, ressemble un tantinet à de l'abus de confiance. Mais intéressons-nous tout de même au fond de ce "jeu".
Tout d'abord, il est évident que d'un point graphique, cette version prologue se révèle impressionnante de beauté plastique. Proposant des environnements d'un réalisme subjuguant, dotés d'un nombre plus que conséquents de détails très précis. Certains sont tellement stupéfiants d'inutilité que cet aspect légitime complètement leur présence. Ce sont souvent les petites choses que l'on ne voit pas au premier abord, sans but précis qui cimentent le "contexte" d'un grand jeu. D'autre part, les véhicules bénéficient d'une réalisation rendant hommage aux capacités de la PS2, sûrement poussée dans ses derniers retranchements. Les textures de carrosserie, tout comme les luisants reflets s'étendant lascivement sur ces dernières jouissent d'une attention toute particulière, mettant en avant le sérieux artistique incontestable des graphistes et des programmeurs. La physique des nombreux et vaillants bolides n'a, elle non plus, pas de raison de se plaindre à la vue des réactions des voitures et de la gestion des transferts de poids.
Les suspensions se compressent, les disques de frein rougeoient derrière les magnifiques jantes, les pneus se déforment sous la puissance du moteur, tout participe à vous plonger dans la furieuse action de la course. Se faufiler aux creux de virages serrés à pleine vitesse s'avère grisant, surtout dans un des nouveaux circuits, Citta Di Aria, vous plaçant dans une ville italienne à la construction héritée du moyen-âge, enchevêtrement de rues étroites et sombres où dorment de vieilles pierres. L'impression de rapidité est ici sublimée, rendant palpable le plaisir pris à évoluer dans ces passages exigus. De même, il vous est possible de découvrir trois autres pistes inédites. Celles-ci prennent place dans des lieux jusque là peu exploités dans la série Gran Turismo. Les tracés japonais de Tsukuba Circuit et Fuji Speedway, s'associent à ceux du Grand Canyon et de New-York pour vous faire ressentir différents styles de conduite. Les deux derniers de la liste sont par ailleurs les plus surprenants et les plus grandioses, mettant en avant des décors respectivement enchanteurs et vertigineux. Néanmoins toutes ces bonnes choses n'enlèvent pas le fait que l'aliasing est fort présent. Sûrement due au fait de la consonance "preview"de GT Prologue, celui-ci s'accompagne d'une représentation du public lacunaire, la représentation 3D dissimulant les aplats 2D du fond. Espérons que ces défauts seront réglés dans la version finale. D'où l'utilité plus que relative de cet épisode. Mais regardez quand même la route.
Célèbre pour sa prise en main précise et ne pardonnant aucune faute, la série phare de Sony ne perd pas de vue ses engagements et nous propose une conduite à son habitude très poussée vers la simulation pure et dure. Prenant en compte des paramètres aussi variés que l'inclinaison de la piste, le poids de votre véhicule ou sa prépondérance à l'accélération brutale, la maniabilité devra être domptée avant de pouvoir donner toute sa force dissimulée. Une fois cette étape accomplie, vous dirigerez votre bolide avec aisance et sans aucune lassitude du fait de l'intérêt manifeste de cette conduite enivrante. Au nombre d'une cinquantaine, les classieux monstres d'acier ne se livreront qu'après avoir dominé leur fougue dans un mode "entraînement", ressemblant à s'y méprendre au "permis de conduire" de GT3, en toutefois moins difficile et proposant une progression différente, sur une sorte de jeu de l'oie. Une interface originale et très colorée qui habille parfaitement ce mode de jeu. Puis une fois maître de votre destinée, un petit tour dans le mode arcade s'impose afin d'essayer vos nouvelles acquisitions, et... voilà, c'est tout !
Deux choix très restreints, amusants pendant cinq ou six heures, mais sans futur et surtout sans ambition à long terme. D'autant qu'il vous est impossible d'opérer des modifications sur votre voiture, mis à part le changement de pneus. Nous voilà donc en face du côté le moins immersif d'un Gran Turismo, d'un intérêt indigent, et d'une durée de vie extrêmement courte. Atteint du syndrome GT Concept, le dernier "real driving simulator" ne propose même pas de bonus, à part un making-of très court, et n'apporte rien que n'aurait apporté une simple démo de 15 minutes. Cependant, et à la vue de tous les côtés positifs mis en avant, on peut aisément se dire que le vrai GT4 va être d'une qualité plus qu'évidente. Oubliez donc vite cette pré-version unique dans sa mise en place, traduisant admirablement bien l'adulation massive des joueurs officiant sur PS2, et patientez jusqu'à Gran Turismo 4, qui avec un mode rallye (présent dans cet épisode prologue au sein du mirifique Grand Canyon) beaucoup plus convaincant qu'auparavant, et une conduite toujours plus agréable et évolutive vous permettra de développer vos émotions ressenties en ces lieux. Un diamant brut qui ne mérite que d'être taillé pour diffuser son éclat, si tant est qu'on ne le vende pas avant d'être complet au même prix qu'un neuf.
- Graphismes16/20
Les ralentis sont comme d'habitude électrisant de qualité, donnant un aperçu du savoir faire des programmeurs. D'autre part, les véhicules, tout comme les divers environnements, foisonnent de détails et arborent un rendu d'un réalisme inégalé. Néanmoins la présence de défaillances graphiques et d'un hôte peu apprécié nommé aliasing déprécie le tableau final. Vite la version finale.
- Jouabilité16/20
Là aussi, on retrouve aisément ses marques et il est toujours aussi agréable de lutter contre les mouvements nerveux de votre bolide contraint par les lois de la physique. Pourtant on peut reprocher à certains moments une impression de mollesse de la part de quelques modèles pourtant performant dans GT3. Mis à part cela, les adversaires dirigés par le CPU font preuve d'un tantinet d'intelligence et font maintenant plus de fautes de conduite. Alléchant.
- Durée de vie9/20
Soit, les cinq circuits et la cinquantaine de véhicules vous donneront matière à vous exercer à la conduite sportive, mais vous tomberez rapidement à cours de motivation après avoir tout mis à jour. Aucun bonus, absence de but à atteindre, bref l'intérêt ne se porte pas très bien.
- Bande son16/20
Des compositions musicales vraiment intéressantes accompagnent vos courses endiablées, à peine masquées par les crissements et autres chants d'une voiture exposant sa puissance. Une ambiance sonore de très bonne qualité donc, immersive et réaliste.
- Scénario/
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Alors oui, ce Gran Turismo est magnifique, du moins dans l'ensemble, oui la conduite est plus qu'intéressante, les modèles de voitures designés avec talent, l'atmosphère sonore vivante et prenante, mais ce n'est pas un GT, juste une espèce de grosse démo, amputant l'essence même de cette série, réduisant à néant un intérêt fondateur, et par dessus tout, irrespectueuse des joueurs. La note peut paraître sévère, mais bien qu'étant un fan incontestable de cette licence, et patientant dans l'espoir d'une arrivée imminente de l'opus 4, je n'accepte pas d'être pris pour une vache à lait par Sony. 40 euros pour une version bêta, inintéressante au possible, cela se résume par le simple fait de se moquer des gens. C'est beau, enivrant, jouissif, mais indigeste.