Acclamé sur PC, Max Payne 2 ne devrait pas rencontrer le même succès sur PS2. La faute à qui ? A quoi ? A beaucoup de choses en fait, mais probablement pas à son ambiance toujours aussi soignée.
Pauvre Max. Autrefois père de famille tranquille et sans histoire, sa vie est aujourd'hui détruite. Max est un homme brisé. Il n'est plus libre de quoi que ce soit, emprisonné qu'il par ses nombreux démons intérieurs. Ceux qui disent l'avoir vu voler mentent, c'est sûr. Nous, ça fait quelques années que nous le voyons chuter et se perdre indéfiniment en enfer. Rien ne peut lui faire oublier ce qu'il a vécu. Le meurtre de sa femme et de sa fille pratiquement sous ses yeux, sa longue quête de vengeance... Les flammes qui brûlent autour de lui ne font qu'accentuer les ombres de son passé, et ce n'est qu'un début...
Max Payne 2 reprend quelque temps après la fin du premier épisode. Max a repris ses fonctions mais a préféré quitter les Stups, trop de souvenirs désagréables dans ce service. Tout n'est cependant pas rose dans son quotidien, loin de là. Flic à New York n'a jamais été de tout repos et arpenter les bas fonds de la ville à la recherche de truands est usant, physiquement et moralement. Alors quand on a le moral dans les chaussettes comme c'est le cas de notre Max, que l'on voit ressurgir une vieille connaissance en la personne de Mona Sax (ceux qui ont joué au premier épisode apprécieront, les autres aussi d'ailleurs...) et que l'on se voit accusé de meurtre, il y a de quoi se laisser aller à la dépression. Ce n'est pourtant pas le cas de Mr Payne qui décide de se battre malgré tout.
Envers et contre tout, seul face au monde entier, c'est un peu l'impression laissée par le premier volet. Même chose pour ce second épisode qui prend tout de même soin d'ajouter un "s" à seuls puisque Max entraîne Mona dans sa galère, ou l'inverse, c'est dur à dire. Max et Mona, un couple comme on en voit rarement dans les jeux. Un couple qui se partage l'affiche d'un titre excellent sur PC, moins enthousiasmant sur consoles, sur PS2 plus particulièrement. Depuis la sortie du premier Max Payne, peu de choses ont changé. La progression reprend les mêmes grosses ficelles qui consistaient à nettoyer salle par salle de gros niveaux infestés de bandits. L'effet Bullet-Time, véritable marque de la série, n'a pas été oublié, bien au contraire. C'est même à ce niveau que les développeurs ont apporté le plus d'innovations. Désormais, il existe plusieurs niveaux de ralentis qui dépendent grosso modo du taux de remplissage de la jauge de Bullet Time et de la couleur de cette dernière. Au niveau maximal, les ennemis sont pratiquement immobiles tandis que Max peut toujours se mouvoir pour les abattre plus sereinement. La seconde petite trouvaille de cet opus concerne le mouvement shootdodge (celui qui permet à Max de tirer tout en plongeant). Juste après un plongeon, le héros peut rester à terre le temps de tirer encore quelques balles.
L'action quasi non-stop est donc au rendez-vous et les amateurs de grosses gunfights seront aux anges d'entendre les chargeurs se vider aux sons des râles de douleurs des ennemis agonisants. Sur ce point précis, toute l'ambiance propre à Max Payne ne nous prend pas en traître, on retrouve effectivement tout ce que l'on avait aimé dans le premier volume en mieux. Plus intense, plus sombre, plus tortueux, le scénario sur lequel s'appuie Max Payne 2 ne peut être mis en cause lorsqu'on évoque la déception relative à cette version PS2. La faible durée de vie non plus en fait puisque l'on savait déjà avec la version PC que le titre nous filerait entre les pattes en moins de dix heures. Mais alors quoi ? Qu'est ce qui rend le jeu moins attractif que sur PC ?
Dire que Max Payne 2 est ici moins convaincant simplement parce qu'il tourne sur PS2 serait résumer un peu rapidement le problème. C'est pourtant la vérité. Il y a forcément un prix à payer pour vouloir faire entrer un titre de cette importance sur console. L'adaptation ne peut se faire qu'en acceptant de fournir une réalisation au rabais par rapport à l'original. On ne s'attendait forcément pas à voir toute la finesse graphique offerte par les dernières cartes à la mode, mais on ne s'attendait pas non plus à un résultat si pauvre. Les seuls polygones qui parviennent à sortir du lot, sont ceux des visages des personnages, très honnêtes. Tous les autres sont habillés de textures baveuses et disgracieuses. A un moment, je me suis même demandé si tout n'avait pas été couvert d'une couche de peinture à l'eau. L'aliasing fait aussi son terrible travail sur tout ce qui apparaît à l'écran. L'effet d'escalier est partout, n'en déplaise à nos rétines.
Mais ce n'est pas tout. On passe rapidement sur l'ombre même du héros qui se transforme en vulgaire tache sombre sous ses pieds ou sur l'absence de quicksave comme sur Xbox, pour arriver au véritable défaut de l'adaptation : le frame rate. Les saccades sont incessantes quel que soit le niveau visité (en intérieur comme en extérieur, donc). On se rend vite compte que la PS2 ne supporte pas toutes les infos qu'elle doit traiter (on a pourtant vu des jeux bien plus beaux tourner sur la machine) et elle nous le fait bien comprendre en hachant littéralement l'animation. Une simple rotation de la caméra peut donner mal à la tête, vous voilà prévenu !
Max Payne 2 fait donc figure de jeu plutôt moyen sur PS2. Seuls son scénario et son ambiance de film noir permettent de s'accrocher au titre, mais si on a le choix, on se tournera volontiers vers une autre version.
- Graphismes10/20
Vraiment décevants pour un jeu de cette trempe, les graphismes semblent être passés à la machine. Les textures bavent les unes sur les autres pour ne former qu'une bouillie de pixels repoussante. Les visages des deux héros sont plus convaincants, mais comme la plupart du temps ils sont de dos, ça ne change pas grand-chose. Carton rouge pour le frame rate qui fout le jeu en l'air.
- Jouabilité14/20
Comme pour le premier volet, on troque difficilement son clavier et sa souris contre les deux sticks du pad, même si on finit par s'habituer aux commandes dès la fin du premier niveau. L'aide à la visée (non obligatoire) et une alliée précieuse, mais elle rend le jeu un peu (trop) facile.
- Durée de vie9/20
Ouille, ouille, ouille. Le scénario se dévoile trop rapidement et les niveaux, trop courts, se dévalent sans trop de problème. Reste les plusieurs niveaux de difficulté, mais si comme moi vous n'êtes pas du genre à recommencer un même jeu plusieurs fois, Max Payne 2 ne vous occupera qu'une petite dizaine heures, et encore...
- Bande son18/20
Quelle bande son mes amis ! Le thème principal joué au violoncelle résume à lui seul tout l'univers de Max Payne. Les voix sont magnifiquement interprétées (toutes en anglais sous-titrées) et on sent les acteurs investis de leurs personnages. Pour chipoter, on pourrait dire que les armes à feu auraient mérité des bruitages encore plus percutants.
- Scénario18/20
Adoptant toujours le style roman photo pour développer son scénario, Max Payne 2 nous replonge dans un univers noir seulement éclairé par les pensées du héros dépressif.
Le retour de Max Payne se fait dans la douleur. Malgré son excellent scénario, les lacunes techniques nous ramènent sans cesse au sous-titre du jeu : The Fall Of Max Payne (la chute de Max Payne).