Ah, Turok Evolution, je me souviens du test Xbox l'année dernière. J'avais qualifié le jeu de "bouse ludique". Autant dire qu'en apprenant qu'Acclaim allait oser le sortir sur PC, je me suis gaussé, et il y a de quoi, puisque l'équipe responsable du portage (Super Happy Fun Fun, c'est dire si c'est des rigolos) a trouvé le moyen de le rendre pire encore. On commence par quoi ? Disons par le menu tiens. L'exemple type du jeu mal porté avec des gros textes bien moches et surtout, surtout, le menu de configuration des touches qui renvoie directement à l'époque du DOS, fond noir, police de caractères grossière, cadres verts et jaunes qui flashent et une navigation qui a éveillé en moi la nostalgie du Dosshell. Un bijou, probablement ce que j'ai pu voir de plus minable et méprisant envers les joueurs. Pathétique.

La prise de contact fut donc à la hauteur de mes espérances. Alors hop, lançons le jeu. Pour ce qui est du gameplay, pas de surprise. Turok Evolution est ce qu'on peut appeler un jeu sec, totalement creux. Linéaire en diable, vous allez vous balader au sein d'environnements divers, avec une domination de la jungle et d'ennemis stupides. Tal'Set, l'indien héros de ce FPS préhistorique aussi bien du point de vue du scénario que du gameplay ou de la réalisation, affronte les Slegs, des lézards au QI d'animateur de TF1. En gros, on avance, on tue, on trouve la clé et on ouvre la porte. L'IA est aux abonnés absents et ce sont les scripts qui contrôlent tout d'une manière résolument stupide. On se souviendra du passage mémorable où 3 Slegs passent tour à tour la tête au dessus du rocher qui les cache pour vous tirer dessus. Ca me rappelle ce jeu dans lequel des taupes font la même chose et où on doit leur taper sur la tronche. Lorsque une IA prend les commandes, c'est soit pour lancer des bestioles sur vous, soit pour faire fuir un ennemi qui va bien souvent se planter dans un mur. Et ce n'est pas l'arsenal, certes varié, du héros qui suffira à rendre la chose fun. On se contente de charcler à coup de machette, d'arc ou de lance-roquettes tout ce qui se présente à nous avant même qu'il n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit. La seule façon dont Turok parvient à élever son niveau de difficulté c'est en minimisant les munitions disponibles puisqu'il n'est pas possible de prendre celles des ennemis abattus, on devra donc faire avec les packs éparpillés dans les niveaux. Le coup des scripts tellement bidons qu'on se fait massacrer par des ennemis qui ne pouvaient pourtant pas nous voir est pas mal aussi. Et en plus du reste, Turok Evolution se permet d'être peu maniable. Et ça, sur PC il faut le faire un FPS peu maniable. La sensibilité de la souris est en effet bien trop élevée. Il faut la baisser au niveau 0 pour avoir un truc potable qui ne vous fera pas faire un tour complet au moindre geste.

Mais la chose compte également sur les phases de jeu à dos de Ptérodactyle pour nous distraire. Alors attention. J'avoue d'abord avoir été surpris puisque ces phases sont devenues plus maniables que sur console. Mais à part ça, c'est toujours aussi mauvais. En gros, c'est comme le reste mais en l'air. On circule dans des couloirs bordés de murs invisibles et on dégomme tout ce qui semble pourvoir l'être. On atteint des sommets dans le risible lorsqu'on découvre que si on s'éloigne du droit chemin on s'écrase en plein ciel contre... rien. Ces phases sont longues, ou en tout cas, c'est l'impression qu'on a quand on baille pour la dix-huitième fois.

Le portage d'une daube ne serait pas complet si en prime il ne profitait pas d'une réalisation à pleurer. Quand on voit le matériel nécessaire à faire tourner Turok, il y a de quoi rire. Graphiquement, on prend un coup de vieux avec ce titre qui n'aurait pas dépareillé il y a 5, voire 6 ans. Les textures sont ridicules, les couleurs mal choisies, les modèles 3D sont simplement pitoyables, levez les yeux au ciel pour découvrir un grand vide tout bleu ridicule, approchez-vous d'un Sleg pour découvrir un amas de polygones bien anguleux etc. etc. On ne manquera pas de s'esclaffer devant la manière dont les ennemis meurent dans une gerbe de sang qui m'a beaucoup rappelé ce que j'ai vu récemment dans la version N-Gage de Red Faction, sans parler de leur disparition dans le sol au bout de quelques secondes. Comme un malheur n'arrive jamais seul, on a aussi droit à une panoplie de bugs et autres aberrations. Plantages multiples avec retour sous Windows, impossibilité de changer d'arme (!) et même corruption de sauvegarde. Rien qu'avec ça on a déjà un bel échantillon. Il faut y ajouter divers bugs d'affichage et même de l'aliasing.

Même la bande-son est nase. La qualité sonore est déplorable avec des sons qui semblent toujours venir de loin et qui soufflent pas mal. Les speech in game donnent l'impression de provenir de l'autre bout de la map alors qu'ils sont prononcés sous votre nez (heureusement les cut-scenes s'en sortent mieux). Et je ne vous parle pas des sons qui s'évanouissent, pour, voilà lui il me tire dessus mais il doit avoir mis un silencieux parce que là je l'entends plus. En bref, Turok Evolution sur PC, fallait quand même oser. Non seulement il n'est pas optimiser (on ne s'y attendait guère) mais il est même encore plus mauvais qu'avant.